Inge Borkh - Bloch's Macbeth


Early '90s film about the German soprano.
Here singing a brief extract from the other Macbeth (from the early years of last century) by Ernest Bloch
Décède le 26 août 2018 à Stuttgart à l’âge de 97 ans

 

La chanteuse d'opéra suisse d'orgine allemande a disparu ce dimanche. Douée d'une voix chaude et puissante, la grande artiste a incarné les légendaires Elektra et Salomé de Richard Strauss.
Une des plus belles voix du XXe siècle s'est éteinte. Inge Borkh est décédée ce dimanche 26 août, chez elle, à Stuttgart. Elle avait 97 ans. Soprano à la sensibilité musicale magnifique, la chanteuse, née Ingeborg Simon, s'est imposée comme une des grandes interprètes tragédiennes du siècle passé. Gluck, Beethoven, Puccini, Verdi... Au long des trente années de sa carrière internationale, elle se sera produite sur les scènes les plus fameuses, dans tout le grand répertoire lyrique. On se souviendra, plus encore, d'Inge Borkh prêtant sa voix aux Salomé et Elektra de Richard Strauss. Elle en a laissé des enregistrements de légende.

Du théâtre à l'opéra

Inge Borkh était née le 26 mai 1921 à Mannheim, en Allemagne. Issue d'une famille juive, elle part tôt fuir en Suisse, dont elle obtiendrait plus tard la nationalité, puis en Autriche. Jeune adolescente, c'est vers le théâtre qu'elle se dirige en premier. Bien plus qu'une simple passade, elle y montre de véritables dispositions et étudie au Burgtheater de Vienne. Des dispositions pour l'art dramatique qu'elle n'abandonna jamais. Les grandes qualités de comédienne qu'elle joignait sur scène à sa voix chaleureuse l'attestent.

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Elle part finalement étudier le chant, à Milan, auprès de Vittorio Muratti, fameux professeur de l'époque. Dès 1940, la jeune Allemande se produit sur scène, au Théâtre municipal de Lucerne. Elle enchaîne des rôles éclectiques. C'est à partir des années 1950 qu'Inge Borkh se fait connaître dans le monde entier, notamment avec la création en allemand du Consul de Menotti. Elle est rapidement l'invitée des plus grandes salles. En 1952, elle se produit au Festival de Bayreuth et devient en quelques années une wagnérienne accomplie. Elle sera une interprète privilégiée des rôles de sopranos dramatiques du compositeur - les plus graves des sopranos. Munich, Berlin, Vienne, Barcelone, Naples, New York, Londres ou Buenos Aires l'accueillent et l'acclament.

Inge Borkh dans l'Elektra de Strauss, dirigé par Karl Böhm en 1960

Au festival de Salzbourg de 1957, elle est éblouissante dans le premier opéra de Richard Strauss, Elektra, dirigé par le génial Dimitri Mitropoulos. En 1958, au prestigieux Metropolitan Opera de New-York, elle s'attaque à la difficile Salomé, héroïne de l'autre œuvre phare du compositeur allemand. Mais la voix d'Inge Borkh était réputée invincible. De Strauss, qui la félicitera en 1947 à l'occasion d'une rencontre, elle laissera des enregistrements encore dans les mémoires: celui de 1957 à Salzbourg bien sûr ou encore les extraits d'Elektra et Salomé sous la direction de l'explosif Fritz Reiner en 1955 et 1956. Tous compositeurs confondus, elle aura enregistré une dizaine de CD, chez Decca, Deutsch Grammophon ou RCA.

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Inge Borkh titrait avec ironie un livre d'entretien Pas seulement Salomé et Elektra, rappelant le vaste éventail de rôles qu'elle a tenus.
Elle est une grande Lady Macbeth dans les trois œuvres de Verdi, Ernest Bloch et Chostakovitch, toutes issues de la pièce de Shakespeare.
Carla Maria Giulini la dirige dans Euryanthe de Weber.
En 1973, elle met fin à sa grande carrière. Mais son énergie ne décroît pas. Elle donne des cours.
Et revenant sur les planches après bien des années, elle joue au théâtre et se produit même dans un spectacle de cabaret, «Inge Borkh Sings Her Memoirs», qu'elle enregistre ensuite.