Né a Padoue, Guido Alberto Fano, après avoir étudié piano dans sa ville avec Cesare Pollini, il s’établit à Bologne, où, de 1894 à 1896, il fut élève au Lycée Musicale de Cesare Dall’Olio (harmonie, contrepoint et fugue) et de Luigi Torchi (histoire et esthétique musicale). Il suivit aussi les cours donnés par le directeur du prestigieux Institut, Giuseppe Martucci, dans quelle classe de haute composition, il s’inscrivit en 1897, année dans laquelle il eut obtenu son diplôme. Di Martucci, célèbre pianiste et compositeur, fut aussi élève de direction d’orchestre et du piano, sujet dont en 1899 il eut obtenu la chaire dans le même lycée.
En 1905, il fut appelé à diriger le conservatoire de Parme, poste que, successivement, tint aux conservatoires de Naples (1912), et de Palerme (1916); en 1922 il fut nommé professeur de piano au Conservatoire de Milan. D’origine juive, en raison des lois raciales, il fut obligé à quitter l’enseignement pour le reprendre plus tard, à la fin de la guerre. Dans son vaste corpus de compositions, deux œuvres théâtrales apparaissent, des œuvres pour orchestre, pour instrument soliste et orchestre, pour voix et orchestre, pour piano et orchestre, et musique de chambre, pour piano solo, lyriques, musique sacrée et d’orgue.
Pendant le séjour au lycée de Bologne, Fano partagea avec Ottorino Respighi, un peu plus jeune et élève des mêmes professeurs, la passion pour la redécouverte de l’ancienne musique italienne, résultat de l’enseignement de Luigi Torchi dont la sensibilité philologique était mûrie au cours des années passés à Regensburg sous la direction de Franz Xaver Haberl. Dans le répertoire enregistré ici l’orientation vers modèles classiques est évidente; cependant la production pour orgue présente moins traits innovants par rapport à celle plus contemporaine de Marco Enrico Bossi, Oreste Ravanello (dont l’écriture est peut-être le modèle le plus proche de Fano) et Ulisse Matthey.

1-2. Le Prélude et l’interlude forment avec la Fantaisie un triptyque des compositions pour orgue imprimé à Padoue en 1959 par Zanibon. Probables travaux scolaires de 1897, les deux premiers morceaux furent à l’origine pensés comme Prélude et Fugue. Le Prélude, caractérisé par une élégante cantabilité, est inspiré par un basse de Camillo De Nardis, pourtant le thème de la fugue est le même de la Fantaisie et Fugue en do mineur BWV 537 de Johann Sébastien Bach. Prélude, Interlude et Fantaisie furent transscrits pour piano par Fano en 1953.

3-4. La Marche religieuse et la Toccata pour l’élévation furent éditées en 1960 à Padoue par Zanibon en deux séries de morceaux pour orgue ou harmonium adaptées par Mario Trevisiol et respectivement intitulées Marches religieuses et Hora mystica. Les deux morceaux révèlent la destination liturgique exprimée parmi formes contenues où l’utilisation de la pédale est confiée au jugement de l’interprète. Particulièrement intéressante est la Toccata pour l’élévation (titre évocatoire des homonymes pages frescobaldiane) imprégnée de inspirée expressivité.

5. On ne connaît pas la date de composition de la vaste Fantaisie pour orgue éditée à Padoue en 1959 par Zanibon, même si vraisemblablement elle pourrait remonter à la fin des années ’40. Page intensément dramatique, elle s’articule en trois sections distinctes: la première, caractérisés par anxieuses impulsions rythmiques et par dissonances, pourtant dans la deuxième se détend la composée harmonisation de une mélodie chorale (que se réfère en partie celle du choral luthérien Auf meinem lieben Gott), laquelle tristesse reflète la légende apposée par l’auteur: “ O Signore, sovvieni al dolor mio”. La troisième partie, d’une certaine complexité exécutive, développe ce thème dans une anthologie de décorations mélodiques et rythmiques.

6. Le Graduel pour la dimanche des Rameaux, Christus factus est pour voix et orgue (sans date) est une élégante harmonisation de la correspondante mélodie grégorienne, faite par Fano avec sobriété, tout en respectant la façon originale (le V) et de la prosodie.

Le Christ s’est fait pour nous obéissant
Jusqu’à la mort et à la mort de la croix.
Répons: C’est pourquoi Dieu l’a exalté,
Et lui a donné le Nom qui est au-dessus
Qui est au-dessus de tout nom.

7. L’Avé Maria à trois voix, imprimée à Bologne en 1896 par Achille Tedeschi, révèle fidélité aux idéaux céciliens selon les modèles de sobriété et de accessibilité exécutive préconisés par le mouvement de réforme de la musique sacrée. La pièce est dédiée à Giovanni Tebaldini, compositeur et figure de premier plan du renouvellement de la musique liturgique et pour orgue, de 1895 à 1897 maître de la Chapelle Musicale de Saint Antoine de Padoue ville natale de Fano.

8. Le texte du Lapidabant Stephanum (Actes des Apôtres 7: 58 – 59), répons des matines pour la Fête de St. Stephen (26 décembre), fut mis en musique par grands maîtres de la polyphonie comme Giovanni Maria Nanino, Giovanni Pierluigi de Palestrina, Orfeo Vecchi et Claudio Monteverdi. L’homonyme Motet de Fano (manuscrit de 1896) révèle la ferveur du jeune musicien pour la découverte des anciens modèles contrapuntiques.

9. Aussi pour Crucem sanctam – antienne pour l’adoration de la Croix le Vendredi Saint (texte cher aux chevaliers templiers) – Fano eut des prédécesseurs illustres en Giovanni Pierluigi de Palestrina et Michael Haydn. La composition du maître de Padoue est caractérisée par la rigueur contrapuntique de Palestrina dans sa complexe écriture vocale à 5 voix à chapelle; seulement aux mots Accintus est potentiam, amplifiées par un majestueux épisode d’accord, l’orgue intervient pour souvenir la composition que conduit dans la fugue solennelle de l’Alléluia. La composition fut écrite en deux moments différents: Crucem sanctam en Janvier 1897 et l’Alléluia le 23 Janvier 1899.