Metamorphose(n) Claves CLA2905 (2009) Joseph Moog, piano 58 : 06 09/09/2015 |
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Transcriptions ou re-créations ? A cette question posée par
le musicologue Etienne Barilier auteur du livret
(abondamment illustré !) accompagnant cet album Claves, le
jeune pianiste allemand Joseph Moog (20 ans lors de
l’enregistrement en novembre 2008) propose une réponse
brillamment démonstrative sous la forme d’un feu d’artifice
éblouissant de transcriptions par Liszt, Friedman,
Moszkowski, Godowski, Busoni d’œuvres de Bellini, Chopin,
Strauss, Saint-Saëns, Bizet, Wagner. Musicalité expressive,
maîtrise de l’instrument, présence somptueuse du Steinway,
excellentes prise de son et réalisation, tout est réuni pour
faire de cet enregistrement un succès grand public (il a
déjà reçu plusieurs récompenses dont un « 5 Diapason »). La
technique sans failles de l’interprète sert à merveille ce
répertoire de bravoure. Ayant ainsi brillamment réussi son
examen d’entrée dans la cour des grands, souhaitons que le
cheminement de cet artiste prometteur nous permette de
l’entendre bientôt dans un répertoire distillant davantage
d’émotion (ce premier enregistrement de Joseph Moog a déjà
été suivi de plusieurs CDs consacrés à Scarlatti, Liszt,
Scriabine, Reger). Mais ne boudons pas notre plaisir, cette
première étape de virtuosité maîtrisée augure bien de la
suite de la carrière de ce jeune pianiste au caractère
affirmé. (Benoît Desouches)
S’il continue à se perfectionner à la Hochschule für Musik und Theater de Hanovre, Joseph Moog peut déjà se prévaloir de nombreux prix ainsi que d’une carrière qui l’a déjà mené dans le monde entier. Il n’en est pas à son premier essai discographique dans la mesure où cet album de transcriptions succède à un enregistrement, déjà chez Claves, des Concertos et de la Totentanz de Liszt. Fidèle en cela à la réputation du label helvétique, cette nouvelle carte de visite, présentée sous la forme d’un élégant digipack, a fait l’objet d’un soin particulier avec, outre des photographies quelque peu narcissiques de l’artiste, un texte de présentation tout à fait satisfaisant en français, anglais et allemand. Incontestablement, Joseph Moog dispose des moyens de ses ambitions. Rien dans cette petite heure de musique ne témoigne d’une virtuosité mal canalisée. Le pianiste allemand n’en rajoute pas et défend cette musique avec une indéniable justesse expressive et une sonorité riche et pure. A côté du tour de force que constituent les Réminiscences de « Norma » de Liszt ou la Paraphrase sur le Venusberg de « Tannhaüser » de Moszkowski, le programme comporte de nombreuses pages que Joseph Moog joue avec délicatesse et un sens certain des couleurs (Les Jardins de Buitenzorg de Godowski, en réalité une œuvre originale), élégance et légèreté (Voix du printemps de Friedman d’après l’œuvre homonyme de Johann Strauss), subtilité et discrétion (transcription du « Cygne » de Saint-Saëns). Certes, le puriste considérera cet album, dans le meilleur des cas, avec indifférence mais le travail effectué par ces anciens « pianistes compositeurs transcripteurs » ne trahit aucunement l’original. Quant à ce musicien de vingt-et-un ans, il reste à espérer le retrouver dans un tout autre répertoire. La rencontre avec le jeune pianiste allemand a eu lieu voici trois ans, à l’occasion du festival des Sommets Musicaux de Gstaad. Lauréat du « Prix Marguerite Dütschler », il enregistrait dans la foulée deux somptueux concertos de Liszt avec la Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz et Ari Rasilainen (Claves CD 50-2707). Il est de retour aujourd’hui avec un programme de récital centré sur l’art – très en vogue au 19e et au début du 20e siècle – de la transcription. «Métamorphose(n)» rassemble des pages de Liszt, Friedman, Moszkowski et du célèbre Leopold Godowsky, véritable maître du genre. Des pages où la virtuosité rivalise avec la finesse des timbres et des couleurs, et où l’on croise tour à tour la Norma de Bellini, le Cygne de Saint-Saëns, la Carmen de Bizet ou encore Tannhäuser de Wagner. - Une coproduction avec le studio de Ludwigshafen de la Südwestrundfunk et - un texte de présentation signé Etienne Barillier, dans lequel l’écrivain s’interroge sur l’essence même de ces pages – «transcriptions ou recréations?». |