Gérard de Cortanze
Zazous

Albin Michel (Romans et nouvelles), Paris, France
ISBN : 978-2-22632-404-7
Ils avaient 15 ans en 1940. Ni collabos, ni résistants, ils étaient swing. On les appelait les zazous.
02/03/2016
546 pages

 

 


On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans - même en pleine Occupation allemande. Une petite bande de zazous, entre quinze et vingt ans, se retrouve chaque jour au café Eva, près du parc Montsouris, pour écouter du jazz. Josette est élève à Henri IV, Pierre et Jean à Louis le Grand, Sarah est coiffeuse, Charlie est infirmier et trompettiste, Marie danseuse, Lucienne travaille dans une maison de couture. Dans ce Paris occupé devenant chaque jour plus morose et sinistre, la petite bande n'a pas du tout l'intention de se laisser abattre ne serait-ce que pour montrer aux « Boches » que ce ne sont pas eux qui vont les empêcher de s'amuser. Ce sont ce qu'on n'appelle pas encore des « adolescents » et leur résistance à l'occupant se signale d'abord par des blagues placées sous le signe de l'insouciance et de la fougue de leur jeunesse puis, à mesure que les nazis montrent leur vrai visage, elle devient plus consciente, plus politique. Autour de Josette, la petite bande applique les mots d'ordre zazous : danser le swing, boire de la bière à la grenadine, manger des carottes râpées, lire Daphné du Maurier, porter en toutes circonstances des lunettes de soleil. Mais aussi : couvrir les murs de Paris de « V » de la victoire, aller déposer une gerbe le 11 novembre sur la tombe du soldat inconnu, porter l'étoile jaune, manifester bruyamment sa désapprobation lors des actualités allemandes projetées dans les salles de cinéma. Mais tout n'est pas si simple en ces temps troubles et tourmentés. Chacun vit non comme il devrait mais comme il peut. A commencer par Josette qui tombe amoureuse d'un soldat allemand antifasciste... Traqués par les Allemands, pourchassés par les collaborateurs qui voulaient les tondre, rejetés par la Résistance, les zazous ne voulaient pas changer la vie, simplement profiter de leur quinze ans... Majeurs à la fin de la guerre, ils étaient passés de l'enfance à l'âge adulte – et la vie s'était chargé de les changer.

« Dangereux, les zazous ? Non. Ou plutôt, si. A la manière des poux.
Ils démangent, ces invertis négroïdes ; ils exaspèrent, ces amateurs de jazz américain dégénéré.
Ils méritent une lotion d'onguent gris, ces « petits-swing ». Mieux : tous au STO, tous à Drancy avec leurs amis juifs ! »
La Gerbe, juillet 1942

Y'a des Zazous

« Jusqu'ici sur terre un homme pouvait être
Blanc ou noir, ou rouge, ou jaune et puis c'est tout
Mais une autre race est en train d'apparaître
C'est les Zazous, c'est les Zazous
Un faux col qui monte jusqu'aux amygdales
Avec un veston qui descend jusqu'aux genoux
Les cheveux coupés jusqu'à l'épine dorsale
Voilà l'Zazou, voilà l'Zazou. »

Je suis swing

« La musique nègre et le jazz hot
Sont déjà de vieilles machines.
Maintenant pour être dans la note
Il faut du swing.
Le swing n'est pas une mélodie
Le swing n'est pas une maladie
Mais aussitôt qu'il vous a plu
Il vous prend et n'vous lâche plus. »