René Guillou (1903-1958)
http://www.musimem.com/prix-rome-1920-1929.htm

René Guillou
(Coll. famille Messmer) DR
René Guillou, rédigeant sa partition Chimères
à Sury près Léré (18) en 1934
( Coll. famille Messmer, avec son autorisation ) DR

Le 14 novembre 1931, lorsque Pasdeloup créait à Paris La Tentation de Saint Antoine, poème symphonique d’après l’œuvre de Flaubert écrit par René Guillou, frère du compositeur et chef d’orchestre à la Radio Ernest Guillou, le public présent ovationnait l’œuvre. Et pourtant, ce musicien est de nos jours totalement oublié et même ignoré des dictionnaires de musique. Seule Vefa de Bellaing, dans son Dictionnaire des compositeurs de musique en Bretagne (Ouest Editions, 1992) en fait état.

Né à Rennes le 8 octobre 1903, René-Alfred-Octave Guillou débuta ses études musicales auprès de son père employé des Postes et mélomane averti. Après quelques années passées au Conservatoire de sa ville natale, il fut admis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il fréquenta les classes de Marcel Samuel-Rousseau, Charles-Marie Widor et Henri Busser. A l’âge de 16 ans il obtenait un premier prix d’harmonie et plus tard les prix de fugue, contrepoint, histoire de la musique, accompagnement et composition. En 1924 il se présentait au Concours de composition de l’Institut avec la cantate Les Amants de Vérone qui lui valait une mention honorable. A nouveau candidat l’année suivante, il n’était pas retenu pour l’épreuve finale, mais en 1926 le premier Grand Prix lui était enfin décerné avec la cantate L’Autre mère, sur un texte de M. de Forge.

Jusqu'à son départ pour Rome, tout en poursuivant ses études supérieures de musique au Conservatoire de Paris, René Guillou touchait l'orgue de l'église Notre-Dame de Versailles. Il avait été nommé à ce poste en 1920, à la suite de Jacques de La Presle, qui, tout comme lui fut lauréat du Concours de Rome. A cette époque, le grand orgue de tribune, installé dans un buffet de 1686, comptait 33 jeux répartis sur 3 claviers manuels de 54 notes et un pédalier de 27 touches. C'était la composition adoptée par le facteur Merklin lors de sa reconstruction complète en 1868. Plus tard, en 1945-48, puis en 1967-70 les Etablissements Gonzalez et Muller interviendront à leur tour pour effectuer d'importants travaux de transformation et d'agrandissement, qui aboutiront à la composition actuelle de 56 jeux. Fin 1926, René Guillou laissa les claviers de ce grand orgue à Madeleine Heurtel, une nièce de Léon Boëllmann et fille du directeur de l'Ecole Niedermeyer.

René Guillou
( 1911 ) DR

Durant son séjour à Versailles, il eut maintes occasions de se produire en concerts, et à chaque fois sa prestation était remarquée. Ce fut notamment le cas le 22 avril 1923 à la chapelle du château : il tenait là l'importante partie d'orgue de l'oratorio Marie-Madeleine de Massenet. L'instrument-roi pour lequel il a toujours eu une certaine prédilection, a d'ailleurs inspiré à René Guillou quelques pièces pour grand orgue, toutes éditées chez Lemoine en 1929 : Andante symphonique, Cortège de nonnes, Loetitia Pia et Nocturne mystique.

Durant le traditionnel séjour passé à la Villa Médicis, de janvier 1927 à avril 1930, René Guillou composa notamment une Habanera pour violon et orchestre (Lemoine), exécutée chez Lamoureux en 1927, la mélodie Puisque j’ai mis ma lèvre écrite sur un poème de Victor Hugo, donnée en 1928 à l’Académie de France à Rome, et Mezzogiorno - Midi sur Rome, donné en avril 1929 au Lyceum Romano. Compositeur distingué, auteur de mélodies, concertos, symphonies, on lui doit entre autres œuvres un Adagio et Suite pour piano et violoncelle, créé en 1934 à la Société Nationale, un Hymne de la Bretagne à Paris, qui fut exécuté lors de l’Exposition Internationale de 1937, un Hymne funèbre donné en première audition chez Colonne le 19 mars 1938, une Symphonie en la mineur (Pasdeloup, 1948), une Seconde Symphonie en ut majeur créée le 9 janvier 1956 par Pierre-Michel Le Conte... et plusieurs pages de musique de chambre : Pièces pour piano (Leduc, 1927), Assise pour piano (Leduc, 1928), Diurnes pour piano (Leduc, 1929), Plein air pour piano (Leduc, 1929) , Quatre pièces pour piano (Leduc, 1929), Suite des motifs de terroir pour piano (Leduc , 1929), Trois pièces pour violon et piano (Leduc, 1931), Ballade pour basson, avec accompagnement de piano (Gras, 1936), Sonatine pour saxophone alto ou cor anglais ou cor d'harmonie et piano (Leduc, 1946), Mon nom est Rolande, légende pour cor chromatique en fa et piano (de Lacour, 1950).

René Guillou est mort le 14 décembre 1958 à Paris Xe.

D.H.M.