Elise Petit
Musique et politique en Allemagne, du IIIe Reich à l'aube de la guerre froide
ISBN : 979-1-02310-575-9
Presses de l’Université Paris-Sorbonne
11 avril 2018
16 x 24 cm, 394 p.
http://pups.paris-sorbonne.fr/catalogue/histoire-moderne-et-contemporaine/mondes-contemporains/musique-et-politique-en-allemagne-du-iiie-reich-laube-de-la-guerre-froide
Cet ouvrage offre une analyse inédite des politiques musicales en Allemagne,
depuis l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933 jusqu’à la constitution de
deux entités politiques en 1949 dans le contexte de la guerre froide.
L’étude
des politiques mises en œuvre sous le IIIe Reich montre comment la
notion de pureté a conditionné la création et la vie musicales, depuis
l’aryanisation de compositeurs de la grande tradition tels que Wagner et
Beethoven jusqu’à la recherche d’une impossible musique « nazie ». L’examen des
luttes de pouvoir entre des acteurs culturels essentiels du Reich,
principalement le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, et l’idéologue du
parti nazi, Alfred Rosenberg, met en lumière les incohérences très fortes d’un
système qui forgea le concept de « musique dégénérée » sans pour autant la
bannir totalement. Après la guerre, la création musicale a été mise à contribution des conflits
entre Alliés alors que se profilait la guerre froide. C’est ce contexte
particulier qui vit la création de l’École de Darmstadt et de festivals de
musique contemporaine, mais aussi la réintégration de musiciens compromis avec
le régime nazi. En étudiant des régimes qui se construisent en définitive par l’opposition
mutuelle, Élise Petit met en lumière des volontés ou des utopies de rupture en
lien avec les politiques musicales. Elle interroge la possibilité de la rupture
dans le domaine artistique lorsque celui-ci est lié au politique et mène à
repenser les notions d’«Heure Zéro» et de tabula rasa dans
l’Allemagne du XXe siècle.
Élise Petit est agrégée de musique et docteure en Histoire de la musique.
Spécialiste des politiques musicales dans l’Allemagne du XXe siècle et dans le système concentrationnaire, elle a signé
Entartete Musik. Musiques interdites sous le IIIe Reich (avec Bruno Giner, 2015) et a dirigé l’ouvrage pluridisciplinaire La Création artistique en Allemagne occupée (1945-1949).
Enjeux esthétiques et politiques (2015).
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Introduction
Première partie
LE RÉGIME NATIONAL-SOCIALISTE ET LA MUSIQUE : LA RUPTURE PAR L’IDÉOLOGIE RACIALE
Chapitre I : Le nouvel ordre nazi et l’obsession de la pureté
I. Les musiques impures : l’idée de « dégénérescence »
Exclusions et purification
Les expériences modernistes de la république de Weimar
Antisémitisme, anticommunisme, antiaméricanisme
II. Pureté de la musique : l’exaltation de la tradition
Ambition nationale et glorification des maîtres : le cas Wagner
Germanité et expansionnisme
L’épuration des livrets : le « Service du Reich de l’arrangement musical »
III. Art « pur », art « dégénéré » : deux expositions antagonistes
Munich : die Große deutsche Kunstausstellung et Entartete Kunst
Düsseldorf : die Reichsmusiktage et Entartete Musik
Chapitre II : Peuple, musique et asservissement
I. Peuple et Volksgemeinschaft : le discours
La communauté du peuple (Volksgemeinschaft)
Peuple et massification
II. Mise au pas de la musique et des musiciens
Gleichschaltung et exaltation de l’unité du peuple
Reichskulturkammer et Reichsmusikkammer
III. À la recherche d’une musique « nazie »
Le soutien à la création
Nazification de l’opéra
Nazification de la musique de divertissement : jazz, Schlager et cabaret
IV. « Musique du peuple » (Volksmusik) et embrigadement
Volksmusik et Volkslieder : définition et mission
Corpus et caractéristiques musicales
Rôle du texte
L’embrigadement de la jeunesse : la musique, rythme de la vie
Chapitre III : Paradoxes et ambivalences du régime nazi
I. L’impossibilité d’une politique musicale cohérente
Rosenberg et l’idéologie völkisch
Goebbels et la primauté de la propagande
« Polycratie » et illisibilité des politiques musicales
II. Des situations paradoxales
Compositeurs et compromissions
Le jazz
Une enclave de liberté apparente : la Ligue culturelle juive
III. De l’épuration à la dénazification
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Seconde partie
APRÈS L’HORREUR NAZIE : UTOPIES ET ILLUSIONS DE L’« HEURE ZÉRO »
Chapitre IV : Purification de l’Allemagne et de la vie musicale
I. De la dénazification à la réorientation
Face à l’idéologie nazie : anti-idéologie, purification et stratégies de reconquête
Stratégies d’expansion : la « revanche » culturelle
Conflits et luttes d’influence : la guerre froide
II. Les musiques désormais impures : dénazification musicale
Dénazification de la société allemande
L’« Heure Zéro » et la musique : dénazification de la musique savante
Dénazification des « chants populaires » (Volkslieder)
III. La nouvelle pureté, renversement de l’impureté du passé
Compositeurs exilés et « musiques dégénérées » : une pureté retrouvée
Utopie de la musique indépendante à l’Ouest : la « Nouvelle musique »
À l’Est : la pureté par le message politique
Chapitre V : Nouveaux peuples et nouvelles musiques
I. Des politiques concurrentielles
La culture comme arme de guerre
Politiques musicales et sentiment d’infériorité
Politiques musicales et sentiment de supériorité
II. Politiques musicales et peuple occupé à l’Est
Le contexte russe : la Jdanovschina
Influence de l’idéologie communiste sur les politiques musicales
Réception des politiques : réticence des artistes
III. Politiques musicales et peuples occupés à l’Ouest
Divergences et convergences entre Alliés occidentaux
Musique de la tabula rasa et éducation du peuple dans la zone américaine
L’échec « populaire » de la « Nouvelle musique »
Chapitre VI : Illusions et utopies de ruptures : dans les ornières du nazisme
I. À l’Est : détournement et réappropriation
Canons musicaux et échecs. L’importance du collectif
Contrôle de la musique et des artistes
Antiaméricanisme, anti-internationalisme, antisémitisme, « dégénérescence »
II. À l’Ouest : les pièges de l’épuration
Exclusions et Fragebogen : sclérose de la vie musicale
Retour au conservatisme musical
III. Reconstruction et impossible table rase
Une jeunesse sous contrôle
Le sort du jazz
L’échec de la dénazification du domaine musical sur fond de guerre froide
Acteurs musicaux dans les quatre zones
L’impossible dénazification des interprètes célèbres
Parcours de compositeurs
Conclusion
Bibliographie
Index
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