Disciple de Schoenberg, membre fondateur de la société pour les exécutions musicales privées, Ernst Bachrich fut l’un des meilleurs pianistes du cercle de Schoenberg mais aussi un compositeur subtil dont l’œuvre reflète la double influence de celles de son maître et de Berg. Déporté pendant la guerre, il mourut dans le camp d’extermination de Majdanek-Lublin en 1942. Ce disque présente en première mondiale ses pages pour piano, voix et piano ainsi que sa sonate pour violon et piano, partitions toutes composées entre 1917 et 1937 par un auteur qui n’a pas écrit pour le grand orchestre ni l’opéra. L’extrême concision, le raffinement et l’écriture austère demandent une réelle attention de l’auditeur pour pénétrer ce langage intellectuel mais d’une grande finesse. Pour qui s’intéresse à la seconde école de Vienne, ce disque apporte un enrichissement majeur en révélant un musicien que les circonstances tragiques de sa mort ont plongé dans un oubli injuste. Les interprètes se donnent avec ferveur à cette juste et méritée réhabilitation. (Richard Wander)
Ernst Bachrich (1892-1942) fut l’élève et proche collaborateur d’Arnold Schoenberg à Vienne. En tant que membre fondateur de la Société de spectacles musicaux privés de Schoenberg, pianiste et compositeur, il a été l’un des protagonistes les plus importants de la deuxième école viennoise. Après avoir travaillé comme Kapellmeister à Düsseldorf et Duisbourg, il retourne à Vienne, où il tente de prendre position contre les répressions croissantes après l’Anschluss. Il est déporté en mai 1942 et assassiné en juillet de la même année dans le camp d’extermination de Majdanek. La présente production est la toute première présentation des œuvres de Bachrich sur disque/CD. Il a vu le jour en partenariat avec Deutschlandfunk Kultur et le projet EchoSpore, que le Collège de musique de Cologne a lancé en 2018 pour redécouvrir et publier des œuvres de compositeurs persécutés. Après les premiers enregistrements d’œuvres de Roberto Gerhard, Viktor Ullmann et Józef Koffler, eda records présente avec Ernst Bachrich un autre compositeur de l’école Schoenberg qui a été protégé de l’épigonisme par une forte personnalité artistique, qui au début du 20ème siècle s’est efforcé de synthétiser diverses tendances de l’avant-garde dans une perspective centre-européenne.