Horreurs, aveuglements et démesures sont le propre des événements revécus ici
à vif par le témoignage d'André Migdal.
Avec le recul du temps, la tragédie du Cap Arcona, du Thielbeck, de l'Athen et
du Deutschland, ces bateaux chargés de déportés évacués à la veille de la fin de
la guerre par les SS, en vue d'une liquidation totale, revêt un aspect aussi
trouble que... fascinant.
On peut se demander pourquoi les Britanniques ont, le 3 mai 1945, bombardé et
incendié ces quatre navires. Avaient-ils pleine conscience de la responsabilité
qu'ils osaient assumer ?
La survie de l'auteur dans ce drame nous vaut aujourd'hui "Les Plages de
Sable Rouge", ce témoignage impressionnant et bouleversant à la fois sur les
conditions de détention des déportés dans les camps, et sur les circonstances du
naufrage.
Ici, la réalité dépasse - et de loin - les fictions les plus démentielles.
L'homme, en l'occurrence, jette le masque et apparaît dans toute sa haine, sa
bêtise et son mépris.
Rares ont jusqu'ici été les travaux d'analyse sur cette catastrophe. Il fallait
tout le talent et toute la lucidité d'André Migdal pour en établir enfin une qui
fût objective.
André Migdal est né le 21 juin 1924, à Paris, dans une famille de 11 enfants. Arrêté par la police française à l'âge de 16 ans et demi le 24 janvier 1941 à Paris, condamné par deux fois par la magistrature de " son pays ", il a connu successivement les prisons et les différents camps de concentration français (Pithiviers, Voves, Compiègne) avant d'être déporté par le Convoi du 24 mai 1944 à Neuengamme, via Buchenwald. Il fut parqué dans les cales du Cap Arcona et de l'Athen. Son père Joseph - qui était natif d'Ostrow, en Russie -, après avoir émigré en France alors qu'il avait 14 ans, exerça le métier de tailleur. Il devait être arrêté par la police française et déporté dans le Convoi n° 48 à destination d'Auschwitz. Sa mère Sophie-Berthe, née à Wurzbourg, en Bavière, arriva en France avec sa famille à l'âge de 4 ans. Elle fut arrêtée en même temps que son mari puis également déportée à Auschwitz. Tous deux ont reçu à titre posthume la Médaille Militaire, la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance. Deux de ses frères, Henri et Robert, furent aussi exterminés par les nazis, sans parier des autres pertes liées à sa famille.