Alex Kulisiewicz
Chants de la déportation :
Le
Chant du Monde, 1975 / LDX 74552
Songs From The Depths Of Hell :
Folkways
Records FW 37700
CDs : RBM 463147-48
Alex Kulisiewicz est
né en 1918 à Cracovie d'une famille d'origine tzigane. Il
sait à peine lire que déjà il joue du violon, et à
dix ans s'intègre à un orchestre professionnel. Mais un accident
malheureux - il se brûle trois doigts de la main gauche - met un
terme à sa carrière d'instrumentaliste. Il devient alors
siffleur virtuose, spécialité très appréciée
à l'époque, qui l'amène à se produire dans
toutes les grandes villes d'Europe.
À la veille de la guerre, et parallèlement à
son activité artistique il devient responsable de la presse au bureau
de la « Fédération de la Jeunesse Démocratique
» d'où il lance un prophétique appel à la paix.
Il ne sera pas entendu.
1939. La guerre éclate. Les nazis occupent la Pologne. Kulisiewicz
est arrêté comme agitateur et expédié au camp
de concentration de Sachsenhausen. Il y restera jusqu'à la libération
en 1945.
Six ans d'horreur. Entre autre, en 1943, dans le cadre de leurs «
expériences scientifiques », les nazis pratiquent, sur Kulisiewicz,
à plusieurs reprises, des injections de cultures diphtériques.
Il faudra l'intervention clandestine des camarades médecins du «
Revier » - « l'hôpital » du camp pour en neutraliser
le développement fatal.
Et Kulisiewicz tient bon. Il survivra pour témoigner. À
la libération, sur son lit de l'hôpital de Cracovie, il dictera
716 pages de chants et de poèmes en quatre langues écrits
dans les camps.
Depuis il ne cesse de grossir ce qui constitue les plus importantes
archives d'Europe consacrées aux oeuvres musicales et artistiques
de l'univers concentrationnaire : 52 000 mètres de bandes enregistrées,
13 000 pages de documents, 10 000 microfilms, mémoires, correspondances
clandestines et tout particulièrement des chants et des poèmes
polonais de la déportation.
Enfin il parcourt le monde de Rome à Moscou, Tokyo, Londres et
Mexico pour faire entendre ces « chants de l'enfer ». Il enregistre
en Allemagne Fédérale et en Italie.
Alex Kulisiewicz l'affirme : « Je ne chante ni pour l'argent,
ni pour la gloire. J'exécute le testament de mes compagnons de misère
dont la voix s'est tue dans l'enfer des camps nazis. Je souhaite de tout
mon coeur et je lutte pour que jamais plus et nulle part au monde ne renaissent
des chants tels que « La Mère brûlée »
ou « Le crucifié 1944 ».