Paul Arma
(Imre Weisshaus)
Compositeur français d'origine hongroise
22 octobre 1904, Budapest - 28 novembre 1987, Paris
Site officiel de la Famille
http://www.robinarma.com/crbst_10.html
Biographie
Paul Arma naquit en Hongrie, en 1904. Après des études à
l'Académie musicale Franz Liszt, de Budapest, avec Béla Bartók et Antal Moluar,
de 1920 à 1924, Paul Arma donna des récitals de piano en Allemagne, en Bulgarie,
en Hongrie, en Italie, en Angleterre, puis fut engagé par Henry Cowell pour des
tournées de concerts aux U.S.A., et des cours sur la musique contemporaine dans
des Universités américaines.
Conscient des problèmes politiques qui existaient en Europe,
il renonça volontairement à sa brillante carrière de pianiste aux U.S.A. pour,
de 1930 à 1933, travailler en Allemagne comme chef d'orchestre, et directeur des
choeurs, à Berlin et à Leipzig avec Bert Brecht, Helena Weigel, Ernst Busch,
Hanns Eisler. En 1931, on lui demanda d'organiser la vie musicale au Bauhaus de
Dessau.
En 1933, Paul Arma, menacé de mort, fut contraint de fuir
l'Allemagne nazie, et se réfugia en France.
De 1933 à 1939, il participa activement à la vie musicale
française, comme pianiste soliste à la Radio, comme membre de la «Commission
interministérielle des loisirs de l'enfance» et comme fondateur des «Loisirs
musicaux de la jeunesse» dont Darius Milhaud accepta d'être Président.
La guerre contraignit Paul Arma à la clandestinité. Il
entreprit de recueillir les chants de maquis, de partisans, de prisonniers,
vaste matière musicologique et sociale, déposée aujourd'hui au Musée de la
Résistance de Thionville. Le compositeur écrivit, pendant cette période
«Les
chants du silence», sur des textes de Vercors, Eluard, Vildrac, Cassou, Aveline,
Romain Rolland, Ramuz, Marie Gevers, René Maran, Fanny Clar, Claudel, qui seront
publiés, en 1953, avec des couvertures dessinées par ses amis peintres :
Chagall, Picasso, Matisse, Braque, Léger, Dufy, Clavé, Estève, Pignon, Gischia,
Beaudin.
L'arrivée des Américains, en France, permit à Paul Arma de
poursuivre une enquête musicologique commencée aux États-Unis, sur le Negro
Spiritual. Il fit de nombreux enregistrements avec les soldats noirs,
chanteurs non professionnels, les fit entendre en concert et utilisera les
chants recueillis dans de nombreuses conférences données plus tard, en Allemagne
et dans les universités françaises.
En 1945, Paul Arma reprit ses activités de pianiste, en
France et à l'étranger. Chargé de missions par l'Université de Paris, et la
Phonothèque Nationale, il enquêta sur le folklore de France. Ses recherches lui
permirent d'être, de 1950 à 1974, producteur dans les radios française, belge,
suisse, allemande d'une dizaine de séries d'émissions et de faire paraître, en
1952, un disque, chez Folkways, à New York :
«Folk Music of France, anthologie
sonore du folklore musical de la France».
De 1951 à 1960, Paul Arma fut conférencier de l'Université de
Paris, de l'Alliance Française et du «Service des relations culturelles du
Ministère des Affaires étrangères» , en France, en Europe, en Amérique, en
Afrique.
Mais Paul Arma, auteur avec Yvonne Tiénot, d'un Nouveau
dictionnaire de la Musique, paru en 1947, fut avant tout compositeur.
Son catalogue comprend 303 oeuvres pour toutes les
formations : huit cantates, de nombreux choeurs, des oeuvres pour orchestre,
ensembles instrumentaux, quatuors, duos, instruments seuls...
De 1954 à 1984, il orienta ses recherches vers la «musique
électromagnétique». Treize oeuvres furent alors écrites parmi lesquelles
Improvisation précédée et suivie de ses variations créée à Bruxelles, en
1956, Concerto pour bande magnétique, commande de l'O.R.T.F., créé à
l'UNESCO, à Paris, en 1961 ; Suite pour bande magnétique créée au
Danemark et en Allemagne en 1961 ; Sept variations spatiophoniques créées
en Allemagne, en 1962 ; Deux convergences pour bande magnétique créées au
Royal Albert Hall, de Londres, en 1976, avec le saxophoniste Alain Bouhey.
74 partitions du compositeur eurent des couvertures dessinées
par 74 artistes contemporains.
Elles furent présentées, sous le titre Mouvement dans le
Mouvement en France, aux États-Unis, au Mexique, dans de nombreuses
expositions accompagnées de concerts.
Dans les dernières expositions, à Budapest, en 1984, à Paris,
au Centre Georges-Pompidou, en 1985, figurèrent les oeuvres plastiques du
compositeur : 81 Musiques sculptées (bois et métal) ; 3 séries de
Musicollages ; variations sur la clef de sol, le dièse, les cinq lignes de
la portée ; des Musigraphies, des Rythmes en couleurs.
Paul Arma écrivit la musique de deux films ; en 1938 : La
femme dans la peinture française avec des commentaires de René Huyghe ; en
1973 : Les fils enchantés, naissance d'une tapisserie de Manessier, film
d'Éliane Janet.
Martha Graham, aux U.S.A., Susanna Egri, en Italie, Karin
Waehner, en Allemagne et en France, créèrent des chorégraphies sur des oeuvres
du compositeur.
En Italie, un ensemble de clarinettes prit le nom : Quartetto
Paul Arma ; en France, se constitua un Quatuor de clarinettes de Paris Paul
Arma.
Naturalisé Français en 1958, Paul Arma, prix Enesco de la
S.A.C.E.M. s'honora d'avoir été reconnu par un pays qui le fit Chevalier de
l'Ordre national de la Légion d'Honneur, Officier de l'Ordre national des Arts
et des Lettres, Officier de l'Ordre national du Mérite.
Mais il aimait à préciser : «Si je crois pouvoir être fier
de quelque chose dans ma vie d'artiste, c'est d'avoir réussi à rester libre et
indépendant de toute doctrine, de toute école et de toute chapelle»
Extrait du catalogue des Editions Billaudot
Paul ARMA
Les Greniers de la mémoire par Karine Le Bail & Philippe Tétart
Samedi 9 janvier 2010 de 12h à 13h
Un compositeur tombé dans l’oubli : Paul Arma. Élève de Bartok, il a,
comme son maître déployé une énergie considérable dans la collecte de la musique
populaire hongroise, mais aussi du folklore français. Car Arma, né Hongrois,
s’est réfugié en France dès 1933… Retour sur un parcours d’exception trop
souvent oublié.
Paul Arma naît Imre Weisshaus, en 1904, à Budapest. Il vit une enfance
solitaire, se plongeant assez tôt dans le refuge de la lecture et dans les
exercices de piano. Une enfance douloureuse aussi : à 16 ans, il perd son père
et doit arrêter ses études. Il devient apprenti dans une imprimerie. Il s’y
ennuie fermement. Pour tromper cet ennui, il s’inscrit à l’Académie de musique
de Budapest. Là, sa rencontre avec Bartok tient du miracle. À côté d’une extrême
exigence, le maître l’aide beaucoup et, les années passant, se montre sous un
jour de plus en plus ouvert, chaleureux, lui servant de Pygmalion, le guidant
dans sa découverte de la littérature, lui faisant découvrir Moussorgsky,
Stravinsky…
Après des débuts de concertiste en Hongrie, Imre Weisshaus se produit dans les
années 1920 en Allemagne, en Italie, en Bulgarie, en Grande-Bretagne. Il est
invité aux Etats-Unis, où il donne des cours sur la musique contemporaine. À
partir de 1930, fixé en Allemagne, il s’engage dans une activité profondément
militante en tant que chef d'orchestre et chef de chœur au sein du Bauhaus d’Andreas
Feininger. Il travaille avec Hélène Weigel, Bertolt Brecht et Hanns Eisler.
Son existence est bientôt bouleversée. En Allemagne, ses amis sont chassés du
Bauhaus par les nazis qui le considèrent comme un lieu de dégénérescence. Il est
également exclu de l’Académie de musique de Budapest. Tout se déchaîne, il subit
plusieurs perquisitions de SS chez lui, on brûle les manuscrits placés sur son
piano avant de l’emmener… Après 20 h d’interrogatoire, on lui annonce sa
prochaine exécution. Aucune raison à cela… En fait, c’est une plaisanterie des
SS. Il en ressort évidemment choqué et, libéré, marche jusqu’à Bâle, se cache
chez des paysans, puis gagne la France comme une sorte de terre promise.
C’est donc en France que Imre Weisshaus prend le nom de Paul Arma et poursuit
son activité militante, devenant, sous le Front Populaire, membre de la «
Commission interministérielle des loisirs de l'enfance », et fondant bientôt les
« Loisirs musicaux de la jeunesse », présidés par Darius Milhaud. L’Occupation
l’oblige à replonger dans la clandestinité. C’est alors qu’il entreprend de
recueillir les chants de maquis, de partisans, de prisonniers. L'arrivée des
Américains, en France, en 1944, l’amène enfin à poursuivre son enquête commencée
aux États-Unis, sur le negro spiritual, effectuant de nombreux
enregistrements avec les GI noirs-américains.
Après la guerre, il reprend son activité de concertiste, mais continue
d’enquêter sur le folklore français, produisant sur ce thème de nombreuses
émissions à la radio française, mais pour la RTBF et la RSR. Le compositeur se
tourne quant à lui vers les procédés électroacoustiques dont nous ne possédons
malheureusement pas de traces sonores. Il écrit aussi des musiques de films et
de la musique de scène, entre autres pour la Cie de Martha Graham.
Cet artiste libre s’est éteint en 1987.
Œuvres principales
Chants du Silence for voice and piano (1942-4)
Concerto for string quartet and orchestra (1947)
Violin Sonata (1949)
31 Instantanés for woodwinds, percussion, celesta, xylophone and piano (1951)
Cantate de la Terre (1952)
Improvisation, Précédée et Suivie de ses Variations for orchestra and tape
(1954)
Sept Variations Spatiophoniques for tape (1960)
Polydiaphonie for orchestra (1962)
Structures variées for orchestra (1964)
Prismes sonores for orchestra (1966)
Six Transparences for oboe and string orchestra (1968)
Résonances for orchestra (1971)
Deux Résonances for percussion and piano (1972)
Onze Convergences for string orchestra (1974)
Six Évolutions for 4 flutes (1975)
Six Convergences for orchestra (1978)
Silences and Emergences for string quartet (1979)
À la Mémoire de Béla Bartók for string orchestra and percussion (1980)
Deux Regards for violin and piano (1982)
Deux Images for cello and piano (1982)
Œuvres par Opus