Viola à l'École de Paris. Œuvres pour alto et piano
AVI Music Avie 8553028

Durée totale : 1:11:37
Enregistrement : 2019-2020 (Munich, Allemagne)
Date de sortie : 14/09/2022
Diyang Mei, alto
Oliver Triendl, piano
Bohuslav Martinu (1890-1959)
Sonate pour alto et piano, H 335

Alexander Tcherepnin (1899-1977)
Romance pour violon en la majeur, WoO (trans. pour alto et piano)
Élégie pour violon et piano, op. 43 (trans. pour alto et piano)

Tibor Harsanyi (1898-1954)

Sonate pour alto et piano

Alexandre Tansman (1897-1986)

Alla Polacca, pour alto et piano

Marcel Mihalovici (1898-1985)

Sonate pour alto et piano, op. 47

Sous l’appellation d’« École de Paris » se regroupaient des compositeurs des pays de l’Est qui s’installèrent dans la capitale française essentiellement dans l’Entre-deux-guerres et dont le Tchèque Martinu, le Russe Tcherepnin, le Hongrois Harsanyi, le Polonais Tansman et le Roumain Mihalovici furent les principaux représentants. Le programme est constitué d’œuvres écrites à Paris à différentes périodes. On y admire la qualité d’interprétation des instrumentistes souvent mis à rude épreuve. Car que ce soit la sonate de Martinu (1935), celle d’Harsanyi (1954) ou encore celle de Mihalovici (1941), elles ont en commun une expressivité passionnée caractérisée par une énergie rythmique aux accents fougueux et un lyrisme ardent jouant sur des contrastes prononcés ponctué de moments de douceur. Entre elles s’insèrent deux œuvres de Tcherepnin originellement pour violon et piano, à savoir une courte « Romance » (1922) joliment mélancolique et une « Élégie » (1927) plus ténébreuse et énigmatique menant l’alto vers des aigus cristallins, et une brève « Alla Polacca » (1985) de Tansman au lyrisme teinté de folklore polonais. Voilà un album qui enrichit de façon originale et qualitative le catalogue discographique consacré au violon alto à travers un répertoire qui ne manque pas de caractère. (Laurent Mineau)
Au lendemain de la Première Guerre mondiale et de la Révolution d’Octobre, d’innombrables artistes ont émigré d’Europe de l’Est à Paris, en particulier un certain nombre de Russes. Ils ont pu se bâtir une réputation en raison du vif intérêt du public pour leur art, et parfois grâce à un réseautage avisé et à des contacts utiles. Ce fut le cas d’Alexandre Tcherepnine, dont le père, compositeur et chef d’orchestre respecté, avait récolté un grand succès lors de la première saison des légendaires Ballets russes en 1909. Alexander Tcherepnine a rapidement été accueilli et adopté par des groupes d’artistes tels que l’École de Paris, un rassemblement informel d’émigrants de plusieurs pays qui comprenait Bohuslav Martinu et le compositeur roumain Marcel Mihalovici. Les deux brèves pièces d’Alexander Tcherepnine présentées ici, Romance (1922) et Elegy (1929), ne peuvent qu’offrir un aperçu de la production cosmopolite de ce compositeur qui a beaucoup voyagé : c’était un homme constamment à la recherche de nouvelles idées. Tcherepnine pouvait passer d’un genre musical à l’autre en un instant; il finit même par incorporer des influences d’Extrême-Orient. Bien que la Romance soit encore entièrement sous le charme du romantisme tardif, l’Élégie est déjà quasi-moderniste dans le ton – une œuvre révélant une sensibilité accrue pour le timbre, comme on peut l’entendre, par exemple, dans ses flageolets de violon irisés. Approximativement du même âge que Tcherepnine et ayant réussi, comme son collègue, en tant que pianiste, Tibor Harsányi arrive à Paris via les Pays-Bas en 1923.