Compositeur français, né à Paris le 19 mars 1896. Élève d’André Gédalge au Conservatoire de Paris jusqu'en 1914. Grâce au pianiste Yves Nat, il découvre la musique négro-américaine qu'il s'attache à faire connaître pendant l'entre-deux-guerres. Marquées par cette formation classique, ses premières œuvres (Sonate pour violoncelle et piano) laissant assez peu présager la fantaisie inventive de celui qui, à l’enseigne du « Bœuf sur le toit », allait devenir en compagnie de Clément Doucet, le pianiste introducteur du Jazz en France, et un infatigable improvisateur. Dans le sillage de Cocteau et du « Groupe des six », il prend une part active à l’explosion des formes artistiques au lendemain de l’armistice de 1918, organise des concerts de musique contemporaine où sont révélées des œuvres de Falla, Schönberg (« Pierrot Lunaire », 15 décembre 1921) et Stravinsky. Ses oeuvres d’alors, influencées par la musique nord-américaine, sont diversement appréciées dans les milieux musicaux conservateurs, et son « Concerto franco-américain » pour piano et orchestre provoque même un petit scandale aux Concerts Pasdeloup en 1924.
À la mort prématurée de Clément Doucet, il se consacre à la composition notamment de
musiques de film . Il a créé la musique du générique de l'émission
Histoires sans paroles de l'ORTF.
Ses dons d’improvisateur le conduisent vers le cinéma, au temps du muet, mais à
titre amical : c’est pour accompagner des projections privées de films de Marcel
L’Herbier. Son premier contact avec le cinéma sonore, c’est pour la première
version de KNOCK avec Jouvet, signée Roger Goupillières. Plus de 300 partitions
de courts et longs métrages vont lui faire suite, et, à partir des années
cinquante, nombre de partitions et improvisations pour la télévision. « Si j’ai
écrit autant de musiques de film, avoue-t-il , c’est sans doute à cause de mon
amour de la vie ». Convaincu du fait que le cinéma est le lieu d’unification des
formes musicales populaires et savantes, Wiener écrit généralement pour des
ensembles instrumentaux réduits, plus soucieux de l’opportunité d’un thème et
d’un timbre particuliers que des développements orchestraux. Parfaite osmose du
thème et du timbre, l’air d’harmonica de TOUCHEZ PAS AU GRISBI (Jacques Becker,
1953) fit le tour du monde mais surtout constitua un exemple unique
d’identification d’un personnage à un thème musical, joué sur un instrument peu
utilisé alors, et dont l’acidité mélancolique exprime la lassitude et l’amertume
de l’ex-truand vieillissant.
Cette réussite célèbre ne doit pas occulter d’autres manifestations probantes des talents divers de Wiener, autant à son aise dans l’univers de Renoir (LE CRIME DE MONSIEUR LANGE, 1935, LES BAS-FONDS, 1936) qu’au milieu des dessins animés de Paul Grimault (six films entre 1936 et 1944, de MONSIEUR PIPE FAIT DE LA PEINTURE au VOLEUR DE PARATONNERRES). La générosité de Louis Daquin (six films, à partir du VOYAGEUR DE LA TOUSSAINT, 1942, jusqu’à MAÎTRE APRÈS DIEU, 1950), le pessimisme de Julien Duvivier (dix films, de PAQUEBOT TÉNACITÉ, 1934, à LA FEMME ET LE PANTIN, 1958), la grâce de Jacques Becker (RENDEZ-VOUS DE JUILLET, 1949, avant le GRISBI) et la rigueur de Robert Bresson (dont il signa le premier film – un burlesque !-, le court métrage LES AFFAIRES PUBLIQUES, 1934, trente ans avant AU HASARD BALTHAZAR et MOUCHETTE 1966) offrent au musicien des approches et des exigences diverses, quelquefois opposées, de la fonction musicale dans le film : décor, atmosphère, continuité dramatique, commentaire…
Mais Wiener n’oublie jamais la règle de simplicité et de clarté qui lui
semble devoir être celle du compositeur au cinéma ; règle qui ne contredit en
rien le style de ses œuvres à destination du théâtre et du concert écrites entre
temps : « Psaume de la Quarantaine » (1948), l’opéra « Les Taureaux » (1949), le
fameux « Concerto pour accordéon et orchestre » (1957) et un concertino pour
piano et orchestre contemporain du film de Franju LA FAUTE DE L’ABBE MOURET
(1970). Depuis, compositeur cette DANS l’image. Wiener a mis en musique DUELLE
de Jacques Rivette (1975), prouvant ainsi qu’il est loisible à un compositeur
amoureux du cinéma de travailler avec plusieurs générations de metteurs en
scène. « Le cinéma peut être aussi bien admirable que détestable, dit-il. Il
faut en écrire les musiques avec le même amour que pour un concerto. »
En 1980, Bobigny a inauguré l’École Nationale de Musique et
de Danse, dénommée « Conservatoire Jean Wiener ».
En 1940, sachant que son ami , Jean Wiener, d’origine israélite et résistant,
ne pouvait travailler sous son nom en raison des lois allemandes, Jean Bérard
lui est venu en aide et a contribué à sa subsistance.
Jean Wiener a eu trois enfants, Maud Wiener, née en 1918, et Stéphane Wiener,
musicien, comme son père, devenu altiste ; de son second mariage avec
Suzanne de Troye, il a eu une troisième enfant, l'actrice et chanteuse
Elisabeth Wiener.
Jean Wiener a publié ses mémoires en 1978 sous le titre Allegro
Appassionato. (ISBN: 2-7144-1142-8, Belfond, Les bâtisseurs du XXe siècle)
Réédition (préface par Alexandre Tharaud). Fayard, Paris 2012
Hommage à Roger Désormière
Comme c'est beau, comme c'est rare, un homme droit, juste, sévère et tendre dont la formule est demeurée la même, durant toute sa vie.Jean Wiener
Cinéma pendant la guerre:
* Sous le prête-nom de Roger Désormière
1940
1942
1943
1944
Autres compositions :
Concerto franco-américain pour piano et cordes (1923)
Olive chez les nègres, opéra "déségrégationniste" (1926)
Suite de danses n° 1 (1954) ¹
Suite de danses n° 2 (1955) ¹
Les Taureaux, opéra bouffe (1957)
Concerto pour accordéon et orchestre (1957)
Concerto pour 2 guitares et orchestre (1966)
Concerto pour orchestre et piano principal (1970)
Sonate pour violoncelle et piano (1970)
¹ Forgotten Records 826
Piano seul :
Sonatine syncopée (1923)
Charleston Blues (1925)
Georgians Blues (1925)
Sonate pour piano (1926)
Deuxième sonatine (1928)
Rêve (1929)
Dancing Étude
Quatre petites pièces radio (1947)
Chicken reel - Histoires sans paroles, Ragtime pour flûte à bec composé en 1910 par Joseph M. Daly,
d'après un thème traditionnel. (manuscrit, arr. Paul Lay)
Trois Danses (1955)
Sonate sans nom (1973)
Sonate "démodée", à la mémoire de Darius Milhaud (1974)
Trois Moments de musique (1981)
Pour Pierre Cornevin (1981)
One Step (du village de Le Blanc)
Blues
Haarlem (Tempo di Blues)
Mélodies :
Deux Mélodies : Aéronautes et Souvenirs d'enfance (1921)
Trois Blues pour chant et piano (1923)
Deux Poèmes de Jean Cocteau (1924)
Sept Petites Histoires (1924)
Trois chants pathétiques (1941)
12 Chansons de nos métiers (1950)
Chantefables pour les enfants sages, 30 petites mélodies (1955)
Chantefleurs, 50 petites mélodies (1959)
Cantates pour soliste, choeur et orchestre :
Le Psaume de la Quarantaine (A. Mella) (1961)
La Mort de Lénine (Mayakowski)
Lamento pour les enfants assassinés (H. Bassin)
Chants pour les morts en montagne (Samivel)
Dernière Nuit (P. Eluard) (1975)
Musique de Chambre :
Suite pour violon et piano (1925)
Sonate pour violoncelle et piano (1968)