Dès sa prime jeunesse, André Jolivet concevait sa musique
comme une forte affirmation de non-conformisme. "Position que je
conserverai coûte que coûte et qui me permettra peut-être dans l'avenir
d'exprimer d'une façon non moins indépendante mais, j'espère, plus
parfaite, les nouveaux rapports sonores dont je sais l'existence et dont
je pressens l'éclosion" (André Jolivet, 1933).
Force nous est de constater que tout au long de sa vie,
André Jolivet est resté fidèle à cette devise que l'extrême variété
d'une production de plus de deux cents œuvres illustre avec évidence.
Une autre conviction restera sienne de Mana 1935) à La Flèche
du temps (1974) : "Rendre à la Musique son sens originel antique,
lorsqu'elle était l'expression magique et incantatoire de la religiosité
des groupements humains".
Certes, Jolivet ne se voulait d'aucune école,
mais il ressentait la nécessité d'écrire une musique qui s'adresse à
tous. Là est son message, qui conjugue humanisme et universalisme.
Ainsi a-t-il abordé tous les genres, de l'œuvre pour un
seul instrument à l'opéra (même si Bogomilé ou le Lieutenant perdu
demeure inachevé), en passant par toutes les formations possibles de
musique de chambre, mélodie, concerto, symphonie, cantate, oratorio,
musique de scène et musique de publicité... On pourrait également dire
qu'il a multiplié les styles, les juxtaposant d'une œuvre à l'autre ou
en opérant la synthèse à l'intérieur d'une même pièce.
Son inspiration
puise aussi bien aux sources des musiques non-européennes
traditionnelles qu'à celles du jazz, du dodécaphonisme, d'un certain
classicisme, des instruments électriques, mais toujours avec ce même
souci : élever la musique à une dimension universelle.
En ce sens, son
œuvre s'inscrit dans le XXe siècle comme un témoignage puissant de
l'histoire de la musique française.
André Jolivet naît à Paris, le 8 août 1905, rue Versigny à Montmartre,
fils de Madeleine Pérault (1874-1936) et de Victor-Ernest Jolivet
(1869-1954). écoles fréquentées
Institution de Melle Bulle, (25, rue du Poteau, Paris 18ème). école
maternelle de la rue du Mont-Cenis, puis école primaire rue
Sainte-Isaure (où enseignait Monsieur Farigoule, le père de Jules
Romains). Dès l'âge de quatre ans, il commence le piano avec sa mère qui
en joue et donne des leçons. Il travaillera ensuite le solfège et le
piano avec Madame Francis Casadesus.
A l'époque de la guerre 14-18, il fait partie de l'équipe d'enfants dont
Poulbot fit ses modèles. Il s'ingénie, comme lui, à dessiner des scènes populaires.
Dans le même temps ont lieu les premières rencontres avec l'Abbé Théodas,
maître de chapelle de Notre-Dame de Clignancourt, avec lequel il
étudiera plus tard l'harmonie. Il découvre le chant liturgique, la
musique de Schütz, Palestrina, Monteverdi, Bach, Mozart.
1917
Pour la première fois il va à la Comédie-Française qu'il fréquentera, ensuite, assidûment. Sa seule ambition alors : devenir plus tard sociétaire de la Comédie-Française.
1918
En attendant, il se construit un théâtre avec décors et personnages en carton, écrit des pièces et des poèmes. Mettant ses poèmes en musique, il écrit sa première œuvre musicale : Romance barbare. Il entre à l'école supérieure Colbert où enseigne son oncle Charles Pérault.
1919
Il découvre le texte de Teilhard de Chardin La puissance spirituelle de la matière (8 août) auteur qu'il retrouvera à la maturité. Il travaille la peinture avec le peintre cubiste Georges Valmier (1885-1937). Celui-ci qui est aussi chanteur et fait partie de la chorale de Paul Le Flem, aura une influence décisive sur sa carrière en présentant Jolivet à ce dernier.
1920
Ayant abandonné le piano, il s'achète un violoncelle avec ses économies, et étudie cet instrument avec Louis Feuillard, célèbre professeur de violoncelle. Il continue de monter et d'interpréter plusieurs spectacles dramatiques.
1921 à 1924
En 1921 il est admis à l'école normale d'instituteurs d'Auteuil qu'il
termine en 1924.
Il continue à pratiquer la musique.
1924 à 1927
Service militaire qu'il effectue dans la cavalerie, à Colmar et à Mulhouse.
1927
Il débute dans l'enseignement comme instituteur
des écoles de la Ville de Paris. Les questions pédagogiques
l'intéresseront sa vie durant.
Avec Paul Le Flem qui exige de lui des "tonnes" de devoirs, il
étudie les principes fondamentaux de la composition : harmonie,
contrepoint, fugue et choral varié. Son maître l'initie aux grands
polyphonistes du XVIè siècle, mais aussi à Bartok et à Berg. Il lui
fait découvrir Schönberg au cours de trois concerts donnés salle
Pleyel, en 1927.
Le groupe Discontinuité accueille pour la première fois une œuvre de Jolivet soit la Sonatine pour violon et piano soit le Trio pour flûte, alto et harpe (information confiée à Suzanne Demarquez par André Jolivet mais n'a pu être vérifiée jusqu'à ce jour).
1929
Grâce à Paul Le Flem, il rencontre Edgar Varèse au moment de la
création d'Amériques à Paris, salle Gaveau ; puis il étudie
avec lui l'orchestration et la composition jusqu'au retour de
celui-ci aux USA, en septembre 1933.
Mariage avec Martine Barbillon.
1930
Il compose Trois temps pour piano et un Trio à cordes
qui deviendra, en 1938, la Suite pour trio à cordes.
Naissance de sa fille aînée Françoise-Martine.
1931
Première audition de Trois temps à la Société nationale de musique (14 mars). Visite de l'Exposition coloniale. Le jeune compositeur se souviendra des impressions recueillies lorsqu'il composera les Cinq incantations, "la Princesse de Bali" de Mana ou les Cinq Danses rituelles.
1932
Il demande son inscription à la SACEM au printemps.
1933
Premières rencontres avec Pierre-Octave Ferroud, Olivier Messiaen,
Georges Migot, Jean Rivier, Florent Schmitt, Albert Roussel.
Relation amicale avec Antonin Artaud.
Premières exécutions à la Société Nationale et aux concerts de la Revue
musicale organisés par Henry Prunières.
Premier voyage en Afrique du Nord (Algérie, Maroc) : il y entend les
joueurs de flûte traditionnelle ; expérience à rattacher à la
composition ultérieure des Cinq Incantations pour flûte seule.
Rejoint Varèse en Espagne, via Palma.
Mariage avec Hilda Guigue. (Ghuighui)
1934
Version définitive du Quatuor à cordes.
Rencontre avec Serge Moreux, plus tard directeur de la maison de disques
Ducretet-Thomson. Il devient un ami proche de la famille et initie
Jolivet à l'ésotérisme.
Voyage à Alger, Oujda,... en mars et avril.
1935
Avec Georges Migot qui la préside, Nestor Lejeune, Daniel-Lesur et
Olivier Messiaen, il fonde une nouvelle société, La Spirale,
dédiée à la défense de la musique de chambre contemporaine.
Cet été-là, il compose Mana, suite pour piano, inspirée par les
six objets fétiches que Varèse lui avait donnés avant de repartir pour
les USA.
Mana est créé par Nadine Desouches à un concert de La Spirale
le 12 décembre.
Il compose aussi les Trois poèmes pour ondes Martenot qui seront
crées par Maurice Martenot à la Radio nationale, le 6 mai 1935. Dans ces
années, Jolivet commence à explorer des instruments nouveaux et des
effets de timbres originaux, particulièrement réussis. Il est ainsi l'un
des premiers compositeurs à écrire pour ondes Martenot (voir la Danse
incantatoire de 1936 pour deux ondes, six percussions et orchestre).
C'est l'époque où il déclare qu'il cherche à "rendre à la musique son
sens originel antique, lorsqu'elle était l'expression magique et
incantatoire de la religiosité des groupements humains".
Premières exécutions de ses œuvres à la Radio (Poste colonial, P.T.T.,
Radio-Paris).
Naissance de son fils aîné, Pierre-Alain.
1936
Année de la création du
groupe "Jeune France" avec Yves Baudrier, Daniel-Lesur et Olivier
Messiaen.
Le premier concert du groupe a lieu le 3 juin à la salle Gaveau ; il est
dirigé par Roger Désormière (la Danse incantatoire y est créée et
ne sera rejouée qu'en décembre 1994).
Concert amplement relaté dans la
presse par André Coeuroy, Jacques Ibert, D-E. Ingelbrecht, Darius
Milhaud, Gustave Samazeuilh, Florent Schmitt, Émile Vuillermoz, entre
autres.
Nouveau voyage à Alger.
Cinq incantations pour flûte seule.
Exécutions du Quatuor, à Budapest puis à Paris, par le Nouveau
Quatuor Hongrois.
Rencontres avec Arthur Honegger et Darius Milhaud.
1937
Conférence en Sorbonne en janvier, Genèse d'un renouveau musical,
à la demande du Docteur Allendy, alors médecin d'Antonin Artaud.
Participation au colloque de la Fédération musicale populaire que
Jolivet commentera en septembre 1937 dans "L'Art musical populaire".
1938
Création de la revue "La Nouvelle Saison" avec Jean De Beer, Jean
Anouilh, Jean-Louis Barrault, André Frank. Jolivet y tient la rubrique
consacrée à la musique.
Un article de Suzanne Demarquez "Jeune France 1938" salue le 3ème
concert du groupe dans la Revue musicale, n° 184.
Il compose en six jours avec Daniel-Lesur le ballet L'Infante et le
monstre, commande des "Ballets de la jeunesse" dont l'argument est
tiré du conte d'Oscar Wilde, L'anniversaire de l'infante.
Cosmogonie, prélude dont il écrit une version pour piano et une pour
orchestre.
1939
Article "La Musique : plaid pour le vif" dans La Nouvelle Saison,
n° 2/7, juillet 1939 : "Le musicien n'oubliant pas que la musique est
d'abord une incantation magique, sera aussi un métaphysicien[...] Et
ceci par le moyen du médium sonore. La musique doit être son d'abord..."
Pour atteindre ce but, Jolivet s'est éloigné du système tonal y compris
dans son développement dernier, le dodécaphonisme, pour utiliser les
phénomènes naturels de la résonance, dont les harmoniques y compris les
plus éloignés et en rejetant les limites du système tempéré.
Il compose la version piano des Cinq danses rituelles.
Mobilisation à Fontainebleau.
1940
L'expérience de la guerre lui inspire les "Trois complaintes du
soldat" et sa participation aux combats lui vaudra la médaille
militaire.
En juin 1940, il échoue avec une trentaine d'hommes de sa batterie dans
un petit hameau de la Haute-Vienne.
Pour une présentation des Trois complaintes du soldat, il a écrit :
"Le 24 juin 1940, les 29 hommes qui restaient de notre batterie de 75
anti-chars s'installèrent à Chez Levrant, un hameau de dix feux à
l'ouest de la Haute-Vienne. Il ne nous restait plus qu'à dormir, pour
rattraper les semaines sans sommeil, et pour ne pas songer à l'avenir.
Le temps était splendide. Le dimanche 30 juin, l'après-midi, j'allai
m'étendre pour dormir encore, dans un champ près d'une source. L'endroit
dominait la vallée d'une petite rivière, la Tardoire, et le paysage
baigné de soleil était à la fois intime et immense. C'est là que je
repris contact avec la vie. C'est là que dans le pire désarroi moral, et
dans un dénuement matériel complet, je repris confiance. Et cette
confiance voulut s'exprimer. En quelques instants je notai l'essentiel
du texte d'un acte de Foi, d'un acte d'Amour et d'un acte d'Espérance."
"Messe pour le Jour de la paix pour voix, orgue (ou cordes) et
tambourin."
Naissance de sa seconde fille, Christine.
1941
Jolivet rencontre Jean Vilar pour qui il écrit la musique de scène pour
Aimer sans savoir qui, pièce de Lope de Vega, spectacle qui ne
sera jamais représenté.
Conférence "Berlioz et les quatre Jeune France" donnée au Théâtre des
Mathurins le 25 février, dans le cycle "La musique contemporaine et ses
affinités".
Première audition le16 mai à la R.T.F (Radio Télévision Française) de
"La Tentation dernière (Jeanne d'Arc)", cantate pour solistes, chœur,
chœur parlé et orchestre sur un livret de Claude Vermorel.
Rencontres avec Claude Delvincourt, Georges Duhamel, Philippe Gaubert,
Henri Ghéon, Jacques Rouché.
Première musique de film avec Arthur Honegger, "La Boxe".
1942
Il obtient une bourse de l'Association pour la pensée française qui lui
permet de quitter l'enseignement.
Il compose la Suite delphique.
Musique de scène pour le "Mystère de la Visitation" d'Henri Ghéon
d'où sera tirée la Suite liturgique pour voix, hautbois/cor anglais,
violoncelle et harpe qui "allie l'emploi superbement coloré de timbres
instrumentaux avec des modes non européens et un style de chant
déclamatoire" (Bridget Conrad).
Il écrit "Dolorès ou le miracle de la femme laide", opéra bouffe en
un acte sur un livret d'Henri Ghéon créé en concert en 1947 et porté à
la scène en 1960.
Création en juin, des "Cinq danses rituelles" par Lucette Descaves.
à l'École normale de musique.
Premiers enregistrements sur disques (ballets).
1943
Il dirige à la Comédie-Française la musique d'Arthur Honegger pour les
représentations du Soulier de satin de Paul Claudel.
Il rédige un ouvrage sur Beethoven.
Naissance de son second fils, Merri.
29 avril, création du ballet Guignol et Pandore à l'Opéra de Paris
(argument et chorégraphie de Serge Lifar, décors et costumes d'André
Dignimont) :
"La donnée essentielle du scénario de Serge Lifar qui m'a guidé dans le
choix des éléments musicaux de la partition est la suivante : les
personnages traditionnels de Guignol y sont considérés comme des êtres
humains tandis que le marionnettiste, lui, est un pantin de bois et de
toile... Toute musique écrite pour le théâtre doit, avant tout, servir à
l'action scénique. Mais là, comme ailleurs "jamais de la nature il ne
faut s'écarter", ainsi que le prescrit Boileau. Et, peut-être, que pour
se rapprocher de l'homme, pour le retrouver, n'y a-t-il pas de meilleur
truchement que les marionnettes ?".
"Andante pour orchestre à cordes"
1944
"Poèmes intimes" (Louis Emie)
5 décembre Première audition des Danses rituelles à la Société des
concerts du Conservatoire sous la direction d'André Cluytens.
Morceau de concours pour le Conservatoire : "Chant de Linos pour
flûte et piano".
Premières éditions chez Durand et Costallat.
1945
Le 1er janvier, André Jolivet est nommé directeur de la musique à la
Comédie-Française, fonction qu'il occupera jusqu'en 1959.
Son
attitude vis-à-vis de la tradition musicale de la maison de Molière est
tout à fait originale.
Lorsqu'il s'agit des pièces de Molière, plutôt
que de composer de nouvelles musiques de scène, il se tourne vers les
anciennes pages de Lully et les réorchestre.
Il écrira les musiques de
scène pour cinq pièces de Molière : Le Malade imaginaire (1944),
Les Précieuses ridicules (1949), Le Bourgeois gentilhomme
(1951), Les Amants magnifiques (1954), L'Amour médecin
(1955).
Il dirige également l'orchestre où jouent fréquemment, entre autres,
Louis Dilliès, Lily Laskine, les membres du quatuor Parrenin,
Jean-Pierre Rampal.
Il compose la Première Sonate pour piano (écrite à la mémoire de
Béla Bartók qui vient de disparaître), la Sérénade pour hautbois et
piano, et sa version pour quintette à vent et hautbois principal.
1946
Fanfares pour Britannicus : création à Bruxelles par la Musique
des Guides.
Voyage en Angleterre avec la Comédie-Française.
1947
Création le 31 janvier de la Sonate pour piano par Yvette Grimaud
à la Société nationale de musique.
Création le 5 mars de Psyché à Bruxelles sous la direction de
Franz André.
Création le 4 mai, audition à la R.T.F. de Dolorès ou le Miracle de
la femme laide sous la direction de l'auteur.
1948
Voyage en Autriche et Hongrie, en avril : concerts et conférences à
Vienne (il y dirige la création du Concerto pour ondes Martenot
puis celle de la Suite delphique), ainsi qu'à Budapest. Il écrit
le Concertino pour trompette.
Il est désigné Vice-président des Semaines musicales de Royaumont.
Composition de Hopi Snake Dance, œuvre dédiée à Darius Milhaud
qui la fit créer à Tanglewood en août.
1949
Les éditions Heugel publient plusieurs œuvres.
Composition du Concerto pour flûte et orchestre à cordes qui sera
créé l'année suivante par Jean-Pierre Rampal, sous la direction de
l'auteur.
1950
Création du ballet L'Inconnue le19 avril à l'Opéra de Paris, sur
le thème de la guerre et de la paix (argument de Léandre Vaillat et
chorégraphie de Serge Lifar).
Travaille sur un autre ballet La Naissance de la Paix, inspiré
d'un texte de Descartes écrit pour Christine de Suède et de la suite
gravée de Jacques Callot "Les Horreurs de la Guerre" qui ne sera pas
terminé.
Voyage en Égypte : il y rencontre les égyptologues de l'École française
du Caire Alexandre Varille, Schwaller de Lubitsch, Étienne Drioton, de
Stoppelaère.
Ce séjour en Égypte inspire épithalame (dont certains éléments
poétiques sont extraits de textes initiatiques de la Haute-Égypte) ainsi
que le second mouvement de la Première Symphonie (Louqsor).
Création du Concertino pour trompette le 10 juin 1950 à l'Abbaye
de Royaumont, sous la direction de l'auteur.
La même année, il compose le Concerto pour piano et orchestre
(commande de la Radio, sous le titre "Équatoriales").
Tout au long des années 50 puis 60, le nombre de
voyages à l'étranger s'accroît :
- en Europe : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suisse, Tchécoslovaquie, Yougoslavie;
- en Asie : Inde, Japon, Liban, Turquie ;
- en Afrique : Algérie, Egypte, Maroc ;
- en Amérique : Etats-Unis, Mexique.
Il est invité pour présenter ses œuvres et très souvent les diriger,
donner des conférences. Mais il dirige aussi la musique de ses aînés et
celle de ses pairs.
Ainsi, en Espagne, il donne la première audition
madrilène de La Création du Monde de Darius Milhaud ; à Zagreb,
il programme Jean Françaix, Darius Milhaud, Jean Rivier,... ; à Mexico,
Henri Dutilleux, Albert Roussel.
Musique de scène pour Antigone de Sophocle et orchestration de la
musique de Lully pour Le Bourgeois gentilhomme lors de la reprise
de la pièce à la Comédie-Française.
Le Grand Prix musical de la Ville de Paris lui est décerné.
Création à Strasbourg le 19 juin du Concerto pour piano par
Lucette Descaves sous la direction d'André Jolivet, qui donne lieu à
l'une des fameuses batailles de l'histoire de la musique au XXe siècle.
1952
Composition du Concerto pour harpe et orchestre de chambre et création le 12 octobre, au Festival de Donaueschingen, par Lily Laskine sous la direction de Hans Rosbaud.
1953
Premier microsillon (Ducretet-Thomson) récompensé, en 1954, par un Grand prix du disque : y sont gravés le Concerto pour piano, le Concertino pour trompette, l'Andante pour cordes.
1954
Orchestration des Amants magnifiques de Lully, musique de scène
pour Prométhée enchaîné d'Eschyle adapté par Jean De Beer.
Premier voyage en URSS : il accompagne la Comédie-Française et prend ses
premiers contacts avec l'Union des compositeurs (Guillels, Katchaturian,
Kabalewski, Mouradeli, Oistrakh,...)
Création de la Première Symphonie à Haïfa. Les deux autres
symphonies seront, elles aussi, créées à l'étranger, de même que de
nombreuses autres œuvres, telles que le Concerto pour harpe
en Allemagne en 1952, la Suite transocéane à Louisville (USA.) en
1955, épithalame à Venise en 1956,
La Flèche du temps à
Berne en 1973 et Pipeaubec à Hambourg en 1987.
Composition du Concerto pour basson, orchestre à cordes, harpe et
piano.
Composition du Second concerto pour trompette.
1955
Parution du livre sur Beethoven aux Editions Richard-Masse.
Deuxième microsillon paru chez Véga avec le Concerto pour ondes
Martenot et le Concerto pour harpe.
Centième représentation du ballet Guignol et Pandore à l'Opéra de
Paris.
1956
Création le 20 mai, de La Vérité de Jeanne devant la maison de
Jeanne d'Arc à
Domrémy, cet oratorio est une commande de l'abbé Carl de Nys à
l'occasion du cinquième centenaire du procès de réhabilitation de Jeanne
d'Arc, est écrit sur des extraits du texte du procès.
Composition de la Sérénade pour deux guitares créée par Ida
Presti et Alexandre Lagoya à la salle Gaveau le 12 novembre.
1957
Membre fondateur du Comité National de la Musique, dont il sera
vice-Président en 1970.
Le n°33 de la revue Zodiaque lui est consacré.
1958
Création le 28 mars, à l'Opéra-Comique, du ballet Concerto sur le Concerto pour piano et orchestre avec une chorégraphie de George Skibine (décors et costumes d'André Delfau). Couronné par le Grand Prix de la critique lyrique et chorégraphique.
1959
Nommé conseiller technique auprès d'André Malraux à la Direction
générale des Arts et Lettres du ministère de la Culture ; il occupe
cette fonction jusqu'en 1962.
Membre du jury du concours Marguerite Long - Jacques Thibaud.
PPremier voyage au Japon où il retrouve la musique japonaise
traditionnelle.
Création du Centre Français d'Humanisme Musical (CFHM) à
Aix-en-Provence. Il l'anime pendant cinq années consécutives (jusqu'en
1963). Les sessions ont lieu en juillet, pendant la durée des Festivals
d'Aix-en-Provence et d'Avignon. Chaque matin, il donne des cours de
composition aux participants ; chaque fin d'après-midi, des conférences
sont données par des personnalités des mondes musical et artistique
telles : Alain Daniélou, Max Deutsch, Henri Dutilleux, Antoine Goléa,
Maurice Jarre, Abraham Moles, Michel Philippot, Francis Poulenc, Georges
Skibine, Jean Vilar, Iannis Xenakis, ...
Cette même année, il participe à l'Académie de musique de Saint-Jacques
de Compostelle où il est de nouveau invité en 1966.
1960
Jean Vilar fait appel à André Jolivet pour la musique d'Antigone
de Sophocle, pièce pour laquelle il avait déjà écrit une musique de
scène en 1951 pour la Comédie-Française. La démarche résolument
différente pour cette nouvelle Antigone s'inscrit dans ses recherches
esthétiques amorcées avec la Suite delphique dix-sept ans plus
tôt sur les musiques primitives ou antiques ; l'écriture du chœur porte
la trace de références constantes aux modes mélodiques grecs et aux
modes rythmiques.
Création scénique le 8 avril, de Dolorès ou le Miracle de la femme laide à l'Opéra de Lyon.
Premier voyage aux USA où il dirige ses œuvres.
1961
Création le 17 mars, à l'Opéra-Comique, du ballet Marines sur une chorégraphie de George Skibine sur le Second Concerto pour trompette (décors et costumes de Bernard Daydé).
1962
Création le 6 juin, de la Messe "Uxor tua" en l'église
Saint-Séverin écrite à l'occasion du mariage de son fils aîné.
Membre du jury du Prix de Rome, décerné par l'Institut des Beaux-arts.
Il est élu le 26 octobre Président de l'Association des Concerts
Lamoureux poste qu'il occupera jusqu'en 1968.
Première audition, le 20 novembre du Premier Concerto pour
violoncelle par André Navarra et l'Orchestre national sous la
direction de Dimitri Chorafas.
Il est appelé à siéger aux Commissions des IVème et Vème Plans ;
rencontres avec François Bloch-Laîné et de nombreuses personnalités de
la société civile.
1963
Création le 18 janvier, à l'Opéra de Marseille, du ballet Suite
transocéane sur une chorégraphie de Joseph Lazzini et Pierre Roumet
(décors et costumes : René Allio).
Premier voyage en Israël à l'occasion d'un Congrès de la SIMC (Société
internationale de musique contemporaine) ; ce séjour lui inspire la
Suite rhapsodique pour violon seul, écrite au retour.
1964
Séjour aux USA au cours duquel il retrouve longuement Varèse.
Création de la Troisième Symphonie (commande du gouvernement mexicain) à
Mexico, sous sa direction, lors du Festival de musique contemporaine.
Création en juillet, au festival des Baux-de-Provence, du ballet
Incantations d'après les Cinq incantations pour flûte (livret
et chorégraphie de Françoise et Dominique Dupuy, directeurs des Ballets
modernes de Paris).
Reprise du même ballet, en septembre, au Festival de danse de Cintra
(Portugal).
1965
Création le 12 mars, à l'Opéra-Comique, du ballet Ariadne sur une
chorégraphie de Alvin Ailey (livret de Pierre-Alain Jolivet ; costumes
de Theoni V. Aldredge ; décor de Ming Cho Lee).
Création à l'O.R.T.F., le 9 avril, du Coeur de la matière,
cantate pour solistes, chœur mixte et orchestre, sur des textes de
Teilhard de Chardin.
Promu Président d'honneur du Syndicat National des Artistes musiciens
dépendant de la Fédération Nationale du Spectacle, où il avait été admis
en 1946.
Mort d'Edgar Varèse : Jolivet compose en son hommage Cérémonial,
qui sera créé au Festival de Lucerne en 1969 par les Percussionnistes de
Strasbourg.
1966
Nommé Professeur de composition au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM) où il
reprend la classe Darius Milhaud et Jean Rivier. Il y restera jusqu'en
1971.
Deuxième séjour en URSS :
concerts monographiques à Moscou, Léningrad (Saint-Pétersbourg),
Kiev, conférences, enregistrements de disques, émissions de
télévision...
1967
Création à Moscou du Second Concerto pour violoncelle et orchestre
par Mstislav Rostropovitch sous la direction du compositeur.
Voyage au Liban sur invitation des Jeunesses musicales de Beyrouth ;
deuxième voyage en Israël. Il visite notamment le côté Est de Jérusalem
(exactement la veille de la Guerre des Six jours).
De 1968 à 1974, il participe à plusieurs biennales de musique française
en URSS.
1968
Nouveau séjour en Autriche. Il va voir le tombeau de Beethoven au
cimetière central de Vienne.
Le 13 mai, il participe au défilé de la République à Denfert-Rochereau,
au titre de Président du Syndicat National des Artistes Musiciens
(Fédération Nationale du Spectacle).
1969
Création de Mandala pour orgue à Zwolle (Pays-Bas) puis à Bordeaux par Jean Guillou.
1970
Nouveau voyage au Japon.
Première audition, le 17 décembre, de Patchinko pour deux pianos.
1971
Création le 30 avril, de Songe à nouveau rêvé pour soprano et
orchestre sur des poèmes d'Antoine Goléa.
Arioso barocco pour trompette et orgue, œuvre enregistrée sur
disque à Munich par Maurice André avant sa création publique.
1972
Composition du Concerto pour violon et orchestre, dont son plus
fréquent interprète Devy Erlih a pu dire : "Je le ressens comme une
sorte de cérémonie hypnotique dont le violon serait le principal
officiant, qui, avec l'orchestre et en maintenant une tension
permanente, créerait et stimulerait les forces à l'efficacité desquelles
Jolivet a toujours cru pour entraîner l'auditeur vers un état de transe".
Création de Heptade au Théâtre de la Ville par Francis Hardy et
Francis Dupin.
1973
Travaille à la commande d'un opéra par Rolf Liebermann pour l'Opéra de
Paris : Bogomilé (d'après Le lieutenant perdu de Marcel
Schneider) dont des extraits orchestrés par Michel Philippot ont été
crées à l'Opéra de Paris en 1982.
Création à Berne de La Flèche du temps (commande de Théo Hug).
1974
Création à Lille de Yin-Yang, œuvre écrite pour le quarantième
anniversaire du mariage d'André Jolivet, par l'Ensemble Jean-Pierre
Wallez.
André Jolivet meurt à Paris le 20 décembre.