Auteur
incontournable des années 30, 40 et 50, parolier et compositeur attitré de
Piaf pour qui il écrit, entre autres, "L'accordéoniste", "Bal dans ma rue"
ou "A quoi ça sert l'amour", Michel EMER (Saint-Pétersbourg, 19 juin 1906
/ Neuilly-sur-Seine, 23 novembre 1984) est chanté dès 1933 par Lucienne
Boyer, la première avec Jean Sablon à reconnaître le talent évident de ce
musicien hors pair. Tandis que Lucienne chante "J'ai laissé mon coeur",
"Nuits blanches" ou encore "Dites-moi Je vous aime", Eliane De Creus et
Jean Sablon créent l'opérette "Dix-neuf ans" au Théâtre Daunou, qu'il
orchestre, suivie de "Loulou et ses Boys", qu'il compose. Automne 1938,
ayant formé un orchestre Jazz, il se fait entendre sur Radio-Cité dans une
douzaine d'émissions. Les grandes vedettes commencent à le chanter :
Maurice Chevalier "Vous et moi", Charles Trenet "Annie Anna", Annette
Lajon "Au p'tit bonheur", Ray Ventura "Barbe Bleue", Reda Caire "Je te
dirai", Jean Granier "Moi je vous le dis", Le Chanteur sans Nom "Une
dernière fois", André Claveau "Quand un petit oiseau" ou encore Fréhel
avec "Ohé les copains". Mais la guerre survient. En février 1940, le
caporal Emer présente à Edith Piaf sa chanson "L'accordéoniste" qu'elle
crée aussitôt à Bobino. C'est le début d'une longue et fructueuse
collaboration, que seule la mort de la chanteuse stoppera -son dernier
grand succès, en 1962, "A quoi ça sert l'amour ?" est signé Michel Emer. A
la Libération, son nom explose : d'abord par sa rentrée à la radio dans
"L'Heure du Soldat" le 8 décembre 1944, puis par l'enregistrement de
nombreux disques chez Odéon et Polydor à partir de mai 1945, et surtout
par ses compositions, toutes des succès. Citons "Lima", "Article 12",
"C'est toi toute ma lumière", et surtout "Paris Tour-Eiffel" et "De
l'autre côté de la rue", incontournables. De Tino Rossi à Luis Mariano, de
Jacqueline François à André Claveau, Renée Lebas, Yves Montand et bien sûr
Piaf, tous vont chanter Michel Emer, tous vont se partager ses succès :
"La rumba des cigales" (Patrice et Mario), "Belle enfant" (Mouloudji),
"Chacun son tour" (Robert Lamoureux), "Coeur à coeur" (Marie Bizet), "Il
était" (Dany Dauberson), "Jamais" (Jean Patart), "Ma blonde" (Bernard
Hilda), "Moi j'tricote" (Odette Laure), "N'oubliez pas ma chanson" (Les
Compagnons de la Chanson), "Sous le ciel de Rio" (André Dassary), "Une
vraie chanson d'amour" (Lini Elda), "Vive jeudi" (Monique et Josette), "La
photographie" (Marcel Amont), "Premier mai" (Simone Langlois), "Quatorze
juillet" (Philippe Clay), "Tournez les nanas" (Georgette Plana)...
Tous les premiers succès de Michel Emer sont ici réunis. L'hommage mérité
à un homme que nous admirons tous.