Les Zazous
BDVO167
Dessins & Scenario : Estelle Meyrand-RodolpheLa propagande de Vichy et la presse de la collaboration les prennent pour cible.
Habillés de chic et de choc, tout de large vêtus, portant parapluie (fermé) et
coiffure excentrique,
les zazous jettent un vent de liberté et de fronde
adolescente sur la France de l'Occupation
et de la Révolution nationale.
- Un deux trois, swing (Lucchesi Roger - Lemarchand H.) 1939
- Le swingaléro (nouvelle danse) (Lacoste René - Hermite M.) 1939
- Swinging the blues (Allier Pierre) 1940
- Dansez (Wraskoff et son orchestre - Raymond) 1940
- Festival swing 1941 (Allier Pierre) 1940
- Festival swing 1942 (Rostaing et son orchestre - Hubert) 1941
- Tam tam (Viseur et son orchestre - Gus) 1941
- Gitan swing (Murena et son ensemble swing - Tony) 1941
- Sauts de rythme (Jefferson Maceo) 1941
- Riff 41 (Chiboust Noel) 1941
- Swing obsession (Yatove et son grand orchestre - Dera Jean) 1941
- Etes-vous swing ? (Wraskoff et son orchestre - Raymond Wraskoff) 1941
- Rythme et swing (Bizet Marie - Casanova J.) 1941
- Pour danseurs seulement (Ventura Ray) 1941
- Definition of swing(Wraskoff Raymond) 1941
- Rythme (Hess Johnny - Martelier M.) 1941
- Rythme (Chardon Félix - Martelier M.) 1941
- Il est rythme (Hess Johnny - Martelier M.) 1941
- Surprise party (Ferret Sarane) 1941
- Ambiance (Le Jazz de Paris - Razaf Andy) 1941
- Ils sont zazous (Hess Johnny - Martelier M.) 1942
- Y a du swing au village (Solar Jean - Blanche Francis) 1942
- La poule zazou (Trenet Charles) 1942
- Chez moi à 6 heures (Reinhardt Django) 1942
- Appel au rythme (Chiboust Noel) 1943
- Ils sont zazous (Mingand - Pierre Martelier) 1943
- Mettez-vous dans l'ambiance (Hess Johnny - Solar Jean) 1943
- Atchoum swing (Rogers Brocey - Mireille) 1943
- Machine à écrire swing (Metehen et son orchestre - Jacques Metehen) 1943
- Partie de plaisir (Viseur Gus) 1943
- Valse swing (Metehen et son orchestre - Jacques) 1943
- Y a des zazous (Andrex - Vincy) 1944
- Swing rêverie (swing 42) De Trebert Irène - Riesner Lawrence) 1944
- Goût du jour (Chiboust Noel) 1944
- Je suis Jitterbug (Hess Johnny - Larue Jacques) 1945
- Il fait des. (Montand Yves - Piaf Edith) 1945
- In the mood (Murena Tony - Razaf Andy) 1945
Sélection et Texte Jean Buzelin & Marc Monneraye
Le jazz et le swing furent, pendant les années noires de la guerre et de
l’occupation, un incroyable champ de liberté, un vent de fraîcheur et
d’espérance pour une jeunesse qui, malgré la situation, voulait vivre. À
l’intérieur du peu d’espace dont ils pouvaient jouir, les zazous et autres
swings, en se démarquant de la grisaille ambiante, s’identifiaient par leurs
tenues provocantes, se reconnaissaient dans le jazz qui, venant d’Amérique,
représentait l’espoir, et se rassemblaient autour des vedettes françaises,
chanteurs et musiciens, qui avaient épousé les formes musicales rythmées. On a
souvent dit et écrit que le jazz avait été interdit par l’occupant. Grossière
erreur, il na jamais été aussi populaire en France que durant cette triste
période !
Si les zazous perdirent leur raison d’être avec la Libération, leur souvenir est
resté dans l'Histoire et dans les mémoires, et le mot est inscrit à jamais dans
le langage populaire. Dieu merci, à notre époque, on rencontre encore des zazous
!
LES ZAZOUS 1939/1945
http://www.bdmusic-egalerie.com/fr/content/166-les-zazous-biographie-illustree-avec-2-cd
Prologue
1934
Avril : le chanteur et chef d’orchestre américain Cab Calloway se produit à
Paris au Moulin Rouge ; il avait enregistré Zah Zuh Zaz, chanson dans
laquelle on entend pour la première fois les fameuses onomatopées, en novembre
1933.
1938
En mai, Johnny Hess crée Je suis Swing au cabaret parisien Le
Bagdad, rue du faubourg Saint-Honoré. Il reprend les onomatopées qui, en
français, deviennent za zou zé. Il enregistre une première fois le 24
mai puis une seconde le 16 novembre. C’est ce disque qui sortira dans le
commerce en février 1939.
Histoire
1939
- 22/23 août : l’Allemagne et la Russie signent un “pacte de
non-agression“.
- 27 août : rétablissement de la censure.
- 1er septembre : mobilisation générale ; les troupes
allemandes envahissent la Pologne.
- 2 septembre : hormis quelques cinémas, toutes les salles de spectacle
ferment leurs portes.
- 3 septembre : la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à
l’Allemagne.
- 2 novembre : Ray Ventura et ses Collégiens enregistrent On ira pendre
notre linge sur la Ligne Siegfried, adaptation d’une chanson anglaise,
comme beaucoup d’airs à succès cette année-là.
- 30 novembre : vote des pleins pouvoirs au gouvernement Daladier.
- 1er décembre : Maurice Chevalier crée Ça fait d’excellents
français au Casino de Paris.
- 9 décembre : sortie du film « Tourbillon de Paris » d’Henri Diamant-Berger
avec Ray Ventura et ses Collégiens.
- Durant l’hiver 1939-1940, Django Reinhardt joue avec Alix Combelle au
Jimmy’s Bar de la rue Huyghens à Montparnasse où se produit régulièrement son
propre directeur artistique, Johnny Hess ; le lieu est très fréquenté par la
gentry chaperonnée par les ducs (de Windsor et de Kent) en personne.
L’orchestre passera à Radio Cité en mars 1940.
1940
- 12 janvier : Gus Viseur et ses Potes (parmi lesquels Django Reinhardt)
jouent en direct au Poste parisien.
- 15 février et 13 mars : Le trompettiste afro-américain Arthur Briggs
enregistre avec Alix Combelle et Django Reinhardt ; après l’entrée en guerre
des Etats-Unis, il sera détenu dans un camp d’internement de résidents
étrangers.
- 20 février : Alix Combelle et son Swing Band, comprenant Django Reinhardt
et Charlie Lewis, enregistrent. Pianiste afro-américain, ce dernier changera
son nom en Charles Louis et se fera passer pour un Antillais, ce qui lui
permettra de demeurer à Paris et de se produire durant toute l’Occupation.
- 20 mars : constitution du cabinet Paul Reynaud.
- 10 mai : l’armée allemande perce le front français à l’ouest de la
Ligne Maginot ; le 14 elle est à Sedan.
- 20 mai : sur ordre de Georges Mandel, ministre de l’Intérieur, tous les
dancings de Paris sont fermés ; la plupart des music-halls, cabarets et cinéma
poursuivent leur activité. Les studios d’enregistrement fermeront
progressivement fin mai début juin.
- 14 juin : entrée des Allemands à Paris qui défilent sur les
Champs-Élysées.
- 16 juin : formation du gouvernement Pétain à Bordeaux.
- 18 juin : appel à la résistance lancé depuis Londres par le général de
Gaulle.
- 22 juin : signature de l’armistice franco-allemand ; la France est
partagée en deux zones : libre et occupée.
- 10-13 juillet : les deux chambres, avant d’être dissoutes, votent, par
369 voix pour contre 80 (18 abstentions), les pleins pouvoirs au maréchal
Pétain qui devient Chef de l’État. Constitution de l’État Français et discours
du Maréchal sur la “Révolution nationale“ ; le gouvernement s’installe à
Vichy.
- 2 août : la chanson Espoir est créée par l’orchestre de Raymond
Legrand lors d’un Gala de bienfaisance organisé au Palais de Chaillot au
profit des Intellectuels ; il l’enregistrera dès le 6 septembre avant que
Charles Trenet ne la grave à son tour en juillet 41. À partir de juillet,
Raymond Legrand va animer une émission hebdomadaire sur Radio-Paris ; durant
toute l’occupation, il sera l’un des piliers de la station où se feront
entendre également les orchestres de Richard Blareau, Jean Yatove, Fred Adison,
Raymond Wraskoff, Guy Paquinet, etc.
- 7 août : réouverture des studios Pathé-Marconi de la rue Albert. Eva Busch
y enregistre, en allemand, pour Columbia.
- 1er septembre : début des mesures de rationnement. Les
cartes donnant droit à de modestes quantités de tout ce qui était “mangeable“
n’ont pas laissé de traces dans la chanson, mais seulement au théâtre (les
J3).
- Septembre : Le Quintette du Hot Club de France (HCF) joue au cinéma
Normandie, sur les Champs-Élysées, lors de la première projection du film
allemand « Fille d’Eve » avec Marika Rokk qui appréciera souvent, en…
touriste, les cabarets de Pigalle. Raymond Legrand et son orchestre se
produisent dans le même cinéma . Signe des temps, le Jimmy’s est devenu Chez
Jimmy, le costume Prince de Galles a cédé la place à des uniformes plus
stricts, le champagne est resté le même, et sans restriction.
- 1er octobre : Josette Daydé enregistre avec le Quintette du HCF.
- Entre le 1er octobre 1940 et le 30 avril 1944, Charles Delaunay
enregistrera 270 faces pour la marque Swing, symbole du “jazz français“
pendant l’Occupation.
- 27 septembre : signature d’un pacte tripartite Allemagne-Italie-Japon.
- 3 octobre : loi sur le “Statut des Juifs“ en zone non occupée.
- 4-31 octobre : Johnny Hess chante à l’Aiglon, rue de Berri, cabaret chic
très fréquenté par la Wehrmacht. Les plus grandes vedettes du moment s’y
produisent, entre autres Guy Berry et Andrex.
- 6 octobre : Georgius triomphe à la Salle Pleyel lors du gala « La Farce en
Chansons ».
- 20 octobre : Django enregistre avec Alix Combelle.
- 30 octobre : Le maréchal Pétain, qui vient de rencontrer Hitler le 24,
en appelle à la collaboration avec l’occupant.
- 11 novembre : une manifestation des étudiants parisiens aux
Champs-Élysées, sévèrement réprimée, marque les prémices de la Résistance.
- Novembre : Johnny Hess fait un triomphe à l’ABC avec Je suis Swing.
- 13 décembre : Django Reinhardt enregistre Nuages qui sera l’un
des plus gros succès de toute cette époque. Le même jour, sortie du film
« Paradis perdu » réalisé par Abel Gance.
- 19 décembre : Charles Delaunay organise le premier « Festival Swing » à la
Salle Gaveau (enregistrement en studio le 26).
- Du 24 décembre au 1er janvier, Django participe à la semaine
des vedettes de l’écran, du disque et de la radio, à la Salle Pleyel.
- Durant l’hiver 1940-1941, Django Reinhardt et le Quintette du HCF jouent
dans de nombreux music-halls et cabarets ; au Moulin Rouge, trois orchestres
sont installés sur trois scènes montées l’une sur l’autre : ceux d’André Ekyan,
de Gus Viseur et le Quintette du HCF.
- C’est à cette époque que les mots swing et zazou
commencent à être utilisés pour désigner une frange de la jeunesse qui se
retrouve dans le jazz et élit domicile dans les cafés des Champs-Élysées et du
Quartier Latin.
1941
- 31 janvier : Alix Combelle et le Jazz de Paris enregistrent Ambiance,
copie presque parfaite du grand succès de Glenn Miller In The Mood.
Ils gravent également une version de Verlaine de Charles Trenet avant
d’accompagner le chanteur lui-même qui y ajoute deux strophes de la
Chanson d’automne. Les premiers vers du poème deviendront, plus tard,
l’indicatif codé annonçant le Débarquement !
- 2 février : après l’énorme succès du premier, Charles Delaunay organise un
second « Festival Swing » ; Django se produit avec un grand orchestre à la
Salle Pleyel.
- 14 février : Charles Trenet crée Verlaine au Théâtre de l’Avenue,
rue du Colisée.
- 28 février : Georgius crée Mon heure de Swing au Théâtre de
l’Européen, trois jours après l’avoir gravé sur disque.
- De février à juin, Django et le Quintette du HCF jouent à l’Amiral, à
l’Avenue, Chez Ledoyen, Chez Jane Stick.
- Mars : création d’un Commissariat aux questions juives.
- 12 mars : unique rencontre en studio de Charles Trenet et de Django
Reinhardt : La Cigale et la fourmi.
- Mars : Alix Combelle et le Jazz de Paris jouent au Bœuf sur le Toit.
- 3 avril : sortie sur les écrans du film « Bel Ami » de Willy Forst.
- 9 avril : Johnny Hess débute au Théâtre de l’Étoile.
- 11 avril : deux jours plus tard, son ancien compère Charles Trenet fait de
même à l’ABC.
- Mai : signature des “Protocoles de Paris“ par l’amiral Darlan.
- 15 mai : le PCF lance le “Front national de lutte pour l’indépendance
de la France“. Grèves et premiers sabotages.
- Juin : Jacques Pills crée Elle était Swing au cabaret Chez Elle
dirigé par sa femme Lucienne Boyer. Le disque, enregistré le même mois, sera
mis sur le marché en novembre.
- Juillet-août : Alix Combelle et le Jazz de Paris animent les thés Chez
Ledoyen ; Michel Warlop les remplace parfois.
- 14 août : loi réprimant les activités communistes et anarchistes.
- 11 septembre : Django enregistre Swing 42 qui va devenir un grand
succès.
- 3 octobre : sortie du film « La Romance de Paris » de Jean Boyer, avec
Charles Trenet.
- 26 octobre : enregistrement du « Festival Swing 1942 ».
- 10 octobre : création au Théâtre des Variétés de l’opérette « C’est tout
le midi » avec Alibert qui y chante Elle avait des semelles de bois.
Dès le mois de septembre 1940, le cuir et le caoutchouc deviennent des denrées
rares et, bientôt, apparaissent les semelles dites “compensées“ qui hissent
les femmes françaises sur un piédestal… en bois !
- 28 octobre : Jacques Pills enregistre Le Rythme de Paris, chanson
qu’il interprète dans le film « Pension Jonas » de Pierre Caron (qui sortira
le 30 janvier 1942).
- 12 novembre-14 décembre : Charles Trenet chante Swing troubadour
à l’Avenue.
- 16 novembre : sous le patronage du journal Les Ondes, Grand Gala
aux Théâtre des Champs-Élysées au profit des prisonniers de guerre avec
notamment Jean Tranchant, Marie Bizet, Johnny Hess et Michel Warlop.
- 29 novembre : suite à un attentat, le couvre-feu est instauré à partir de
17 h 30 dans les théâtres, restaurants et cinémas du XVIIIe arrondissement.
Ces “fermetures représailles“ se renouvelleront souvent.
- Décembre : après l’entrée en guerre des Etats-Unis, interdiction est faite
aux musiciens américains de se produire en public, mais la plupart ont déjà
quitté la France. Également proscris, les thèmes américains sont traduits en
français pour contourner la censure, avec des résultats parfois surréalistes :
One O’ Clock Jump devient Saut d’une heure, Lady Be Good
se met Les bigoudis, grâce à Richard Blareau L’orgue moud du
swing (Organ Grinder Swing ), et, au lieu de Gotta Date in
Louisiana, on a Rendez-vous à Lausanne !
1942
- 2 janvier : parachutage en France de Jean Moulin.
- 9 janvier-25 février : Johnny Hess chante à l’ABC.
- 3 février : Irène de Trébert et l’orchestre de Raymond Legrand
enregistrent Mademoiselle Swing ; le disque sortira en mai.
- 15 février : Suzy Solidor, accompagnée par Raymond Legrand, chante
Lily Marlène en direct à Radio-Paris.
- Février : réunis par Félix Valvert, les principaux musiciens antillais
quittent la capitale pour tenter de rejoindre la zone libre ; l’entreprise
tourne court à Dijon : retour à Paris.
- Avril : Alix Combelle joue Chez Florence, rue Blanche. Grande prestation
de l’orchestre swing, et néanmoins belge, de Fud Candrix à la Salle Pleyel,
laquelle devient de façon inattendue un temple parisien du jazz.
- 24 avril-14 mai : Johnny Hess se produit à l’Alhambra.
- 1er mai : grand gala à l’Empire dans le cadre de l’exposition
« Le Bolchevisme contre l’Europe » avec une pléiade de vedettes dont Johnny
Hess et Raymond Legrand.
- Printemps : un livre tout à fait inattendu, Histoire générale du Jazz,
est publié chez Denoël ; l’auteur, André Cœuroy, plutôt inconnu dans les
milieux jazzants, n’a pas du tout l’apparence d’un zazou, mais il n’en émet
pas moins une hypothèse très patriotique : “et si le jazz était français ?“.
- De mai à septembre : l’orchestre des Antillais dirigé par Félix Valvert
quitte à nouveau Paris et effectue une tournée en Provence et sur la Côte
d’Azur.
- 29 mai : port de l’étoile jaune obligatoire pour les juifs en Zone
occupée.
- 12 juin : première du film « Mademoiselle Swing » de Richard Pottier avec
Irène de Trébert et Pierre Mingand, au Biarritz, avenue des Champs-Élysées.
Outre la chanson éponyme, Irène y chante également Le Clou dans la
chaussure dans ce film qui obtiendra un énorme succès public.
- Le même jour, en fin d’après-midi sur les Champs-Élysées, a lieu une
descente de police au Colisée, endroit où se réunit la “faune swing“ de Paris.
Après vérification d’identité, les filles sont relâchées vers 23 heures mais
les garçons passent la nuit au poste. Les jeunes “swings“ et “zazous“
commencent donc à être inquiétés puisque, dans les jours qui suivent, deux
autres rafles sont opérées sur les Champs et au Quartier Latin.
- 5-18 juin : Johnny Hess passe à Bobino.
- Juin : le saxophoniste Robert Mavounzy laisse ses camarades antillais sur
la Côte et regagne Paris où il est embauché à la Cigale dans l’orchestre de
Fredy Jumbo. Ce dernier, Camerounais germanophone, a réussi à obtenir un
ausweiss qui l’autorise à se produire avec un orchestre de couleur.
- 1er juillet : débuts du Jazz de Paris dirigé maintenant par
Jerry Mengo au thé dansant de Chez Ledoyen, avenue des Champs-Élysées.
- 6 juillet-28 août : Ils sont zazous est chantée à l’Avenue dans
la revue « À la Tête de Daim »
- 16-21 juillet : arrestation de 22000 juifs à Paris ; l’opération, dite
“rafle du Vel’ d’Hiv’“, fera 13000 victimes en déportation.
- Juillet : le Quintette du HCF est au Cirque Médrano.
- 17 juillet : premier enregistrement de Ils sont zazous par Johnny
Hess avec l’orchestre de Jacques Météhen ; il avait lancé cette chanson Chez
Jimmy. Après une première diffusion le 30 août sur Radio-Paris, le disque sort
dans le commerce en octobre. Johnny en fera une nouvelle version en studio le
9 février 1943 accompagné par un quintette dirigé par le saxophoniste Noël
Chiboust.
- 15 août : arrestation de 5000 juifs en Zone non occupée (“Zone nono“).
- 1er-30 août : création de Oui ! (Si tu me dis oui) par
Alix Combelle et son Quintette Swing Chez Marcelle Brévane (ex-Jane Stick),
rue de Ponthieu. Il l’enregistre le mois suivant, mais c’est la version de
Raymond Legrand, gravée en janvier 1943 (en même temps que celle de Pierre
Mingand avec Michel Warlop et avant celle de Loulou Gasté et des Sœurs
Étienne) qui obtiendra le plus grand succès et fera de cette chanson-swing le
nouvel hymne des zazous. Combelle en fera une seconde version en février 43.
- 20 septembre : premier numéro des Lettres Françaises, revue
littéraire clandestine.
- 11 novembre : les Allemands envahissent la Zone non occupée.
- 17 novembre : les pleins pouvoirs sont accordés à Pierre Laval, chef
du Gouvernement.
- 18 novembre : enregistrement de Swing 42 par Fredy Jumbo et son
ensemble (avec Robert Mavounzy, Al Lirvat, etc.).
- 27 novembre : sabordage de la Marine française à Toulon.
- 4 décembre : sortie du film de Marcel Carné « Les Visiteurs du Soir ».
- 12-13 décembre : le grand orchestre de Raymond Legrand avec Irène de
Trébert donne deux galas Salle Pleyel devant un public “swing et zazou“
enthousiaste.
1943
- 12 janvier : le PCF adhère à la France combattante (ex-France libre).
- 14 janvier : Harry Cooper enregistre Nuages et La Cigale,
une composition de Mavounzy, avec l’orchestre de la célèbre brasserie du
boulevard de Rochechouart. Nouvelle séance le 11 mai. Trompettiste
afro-américain naturalisé français et marié à une Alsacienne, Harry Cooper
réussira à travailler durant toute la période de l’Occupation.
- Le même jour, Irène de Trébert confie au micro Dans mon refrain y a de
la musique, enregistré dès juin 41 par Fred Adison dans une version non
chantée qui n’eut aucun succès.
- 30 janvier : création de la Milice dirigée par Joseph Darnand.
- 14 février : dans le cadre du “Cycle 1942-43“, le Hot Club de France
organise son 6e concert à l’École Normale de Musique avec Harry
Cooper et des musiciens antillais (Robert Mavounzy, Félix Valvert, Al Lirvat,
etc.).
- 12-15 février : Jacques Pills se produit au Théâtre de l’Étoile (“le
Music-Hall de Paris“), accompagné par le quintette de Christian Wagner.
- 16 février : instauration du STO (Service du Travail Obligatoire en
Allemagne) qui jouera un rôle important dans le recrutement des “maquis“ de la
Résistance.
- 12 mars 1943 : Django enregistre avec l’orchestre belge de Fud Candrix,
lequel se produit alors à l’ABC.
- 20 et 21 mars : trois concerts à la Salle Pleyel intitulés « Unique Jazz
Noir : Fredy Jumbo et son ensemble ».
- 28 mars : « Grande Fête du Printemps » au Stace Coubertin, au bénéfice des
travailleurs français en Allemagne, sous l’égide du Rassemblement National
Populaire ; on y repère Jacques Pills et le Jazz de Paris dirigé par Jerry
Mengo.
- 3-19 avril : Irène de Trébert chante à l’ABC.
- Mai : le Conservatoire International (sic) du Jazz, dirigé par Charles
Henry, annonce sa création dans la presse.
- 15 mai : création du Conseil National de la Résistance (CNR) ; la
première réunion est présidée par Jean Moulin le 27.
- De mai 1943 à août 1944 : chaque samedi de 15 à 17 heures, sur Radio-Paris,
on peut s’esbaudir à l’écoute des “Ondes Joyeuses“ (!) qui feront même fête au
jazz (Django le 15 juillet 44).
- 3 juin : création du Comité Français de la Libération Nationale (CFLN)
après l’arrivée du général de Gaulle à Alger.
- 21 juin : arrestation de Jean Moulin.
- 1er septembre : sortie du film « Adieu Léonard » des frères
Prévert, avec Trenet.
- 1er octobre : Charles Trenet effectue sa rentrée à l’ABC.
- 13 octobre : première de « L’Éternel retour » de Jean Cocteau et Jean
Delannoy, avec Jean Marais et Madeleine Sologne.
- Octobre : on peut applaudir André Ekyan à Pleyel, comme il se doit.
- 11 novembre : grèves et manifestations en France.
- 19 décembre : Concert du Hot Club Colonial à la Salle Pleyel ; intitulé
« Festival de Musique nègre », il fait entendre notamment les orchestres de
Félix Valvert et de Robert Mavounzy.
1944
- 9 janvier : enregistrement du Hot Club Colonial.
- 13 janvier : concert “De Claude Debussy au Jazz“ diffusé par Radio-Paris,
dans lequel les Fêtes sont de Claude et les Nuages de
Django.
- 18 février-9 mars : Yves Montand apparaît pour la première fois sur une
scène parisienne (l’ABC) dans un programme « André Dassary ».
- Mars-avril : Alix Combelle se produit à la Villa d’Este.
- 3 juin : le CFLN devient le Gouvernement Provisoire de la République
Française (GPRF).
- 6 juin : débarquement allié en Normandie.
- 9 juin : les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) sont intégrées à
l’armée française.
- 15 août : débarquement allié en Provence.
- 20 août : enlèvement de Pétain, fin du gouvernement de Vichy ; Paris
se soulève et dresse des barricades.
- 19-25 août : libération de Paris et arrivée du général de Gaulle
(discours à l’Hôtel de Ville le 25).
- 7 novembre : réunion de l’Assemblée consultative à Paris.
- 28 novembre : dissolution des “milices patriotiques“.
- Décembre : la France est libérée.
- De l’automne au printemps 1945, Django Reinhardt, à la tête d’un orchestre
d’une dizaine de musiciens, joue régulièrement à la Roulotte (Chez Django)
puis au Bal Tabarin.
1945
- 1er janvier : la France est admise aux Nations Unies (ONU).
- 8 mai : capitulation de l’Allemagne.
- 13 mai : victoire de la gauche aux second tour des élections
législatives.
- Juin-juillet : Loulou Gasté avec Betty Rich, Lily Fayol la créatrice, et
Josette Daydé enregistrent successivement Le Rythme américain tiré du
film « Madame et son flirt ».
- 23 juillet-14 août : procès du maréchal Pétain qui est condamné à
mort.
- Roche et Aznavour chantent Le Feutre taupé au cabaret L’Heure
Bleue, rue Pigalle ; ils ne l’enregistreront qu’en 1948.
- 13 novembre : De Gaulle devient chef du Gouvernement.
- 16 décembre : Django Reinhardt est à la Salle Pleyel en compagnie de l’Air
Transport Command Band, orchestre américain avec lequel il s’est déjà produit
et a enregistré.
On ne peut guère considérer la “jeunesse zazou“ comme un mouvement
contestataire ou d’opposition à l’Occupation et au régime de la collaboration.
La seule forme d’opposition active durant cette noire période ne vint que des
mouvements clandestins de la Résistance. Mais, pour une partie de la jeunesse
(plutôt citadine et parisienne et de milieu aisé… voire protégé), il fallait,
tout en restant dans la légalité, essayer de marquer sa différence et apporter
un peu de vie, de gaieté, d’optimisme et de… désordre au milieu de l’Ordre
Nouveau. Ces jeunes adoptèrent le jazz, qu’on appelait swing à
l’époque, et tout ce qui venait des Etats-Unis, horizon de la liberté dans une
France qui l’avait perdue. Tout cela dans une situation très ambiguë car, mal vu
de l’occupant et des autorités, le swing (jazz) était toléré mais la danse
demeurait énergiquement pourchassée. Dans un univers quelque peu confiné —
comment imaginez-vous week-ends et vacances sans liberté de déplacement ? —,
tout lieu de spectacle remportait un grand succès et, d’une certaine façon, seul
le prix du ticket déterminait la densité des uniformes. Musiciens et artistes
pouvaient-ils se charger de faire le tri ? Ou choisir le STO de préférence aux
scènes parisiennes ? Anecdote : je témoigne de la présence de quelques
“militaires“ dans la salle du Moulin Rouge “à ciel ouvert“ pour cause de risques
(avérés !) de coupure de courant, début août 1944 au récital Piaf-Montand (MMo).
Conséquence pas du tout insolite : le jazz “à la française“ (et les airs
apparentés) a connu une vogue populaire sans précédent que seul Sidney Bechet
retrouvera après la Libération.
Point de revendication dans ces chansons-swing, bien évidemment, mais des
paroles d’évasion — le temps d’une chanson —, parfois narquoises et railleuses
(Georgius, Andrex, ou Johnny Hess lui-même qui a pourtant lancé le genre) ou
tout simplement anodines ou fantaisistes sans vulgarité (on est très loin du
caf’ conc’ de papa). Et puis la censure veillait… Mais les zazous
réclamaient-ils autre chose ? Le jazz/swing représentait un moyen pour se
singulariser, pour marquer sa différence avec le vert-de-gris ambiant,
l’accoutrement un autre, avec des tenues excentriques et provocantes. On a connu
ça depuis avec les blousons noirs, les beatniks, les hippies, les punks, les
rappeurs, les “grunge“, etc. Mais, durant cette époque de délation, les swings
et les zazous risquaient plus gros et subissaient moqueries, vexations (comme
les coups de tondeuses dans la chevelure), répressions, ainsi que les charges
des journalistes et des dessinateurs de la presse collaborationniste.
Un mot sur le vêtement. La gente masculine s’affublait d’un veston trop long
aux épaules tombantes, d’un pantalon étroit et trop court tenu par des
bretelles, de souliers de daim (quand on avait les moyens) et d’un chapeau posé
sur l’arrière du crâne laissant s’échapper sur le front un toupet ondulé et de
longs cheveux dans le cou. La gent féminine s’affichait en chandail à col roulé
tombant sur une courte jupe plissée découvrant les jambes jusqu’aux socquettes
roulées sur de grosses tatanes à semelles compensées, et, sur une veste aux
épaules carrées, quelque fourrure de bazar ou un chapeau qui ne risquait pas de
passer inaperçu. Le parapluie et les lunettes noires constituaient des
accessoires communs aux deux sexes.
Apparue au début de l’Occupation, la mode zazou ne survit guère à la
Libération. Les vedettes (Johnny Hess, Jacques Pills, Raymond Legrand) subissent
le contrecoup et, le grand Charles (Trenet) excepté, laissent bientôt la place
aux Montand, Aznavour, Bécaud, vrais rejetons de cette époque et d’un swing
qu’ils inscriront dans le mouvement d’espoir suscité par la “reconstruction“.
Quant à la jeunesse “dans le vent“, elle retrouve sa liberté dans les caves
germanopratines, dans les surprises-parties et dans les cabarets ; les amoureux
de la chanson se retrouvant dans ces cabarets où le parolier devenait poète.
Les zazous ? Un feu de paille qui s’est propagé.