![]() Ulysse dans la boue Traduit et commenté par Marie-Hélène Mélendez. ISBN : 978-2-36391-023-3 580 pages http://www.marenostrumedition.com/index.php?p=livre&id=113&PHPSESSID=cc0dacc0c5245144ee56d03111da3a7d |
C’est un écho des camps français qui nous parvient avec ces feuillets que Jaume
Grau a rédigés de 1939 jusqu’en 1944. Des camps qui enferment tout d’abord les
inutiles : mutilés, blessés, gueules cassées de la Guerre d’Espagne, suivis
bientôt d’autres indésirables : Gitans, puis Allemands, Polonais, Russes,
Hongrois, Italiens, Grecs et Belges, juifs pour la plupart. Jaume Grau va
inlassablement écrire, sur des bouts de papier recyclés, durant les cinq ans de
sa détention et dresser le portrait de la société des camps. L’auteur, à la
santé fragile, voit son internement sur le sol français se prolonger ; il est
sans cesse déplacé de camp en camp : neuf convois de trasladados le
transfèreront d’Argelès à Bram, Montolieu, Récébédou*, Nexon, puis du Centre
surveillé pour Inaptes de Séreilhac à l’isolement du Château de Tombebouc.
L’écriture est sa planche de salut. C’est dans l’incurie des camps que ses
textes rédigés clandestinement nous plongent. Véritable chronique de la faim
tenace, de la perte de poids, parfois fatale, ses notes éparses, articles,
correspondance ou récits brefs, nous font découvrir le tragique mais aussi
l’absurdité et le grotesque des situations. Maitre reconnu de l’espéranto, une
pratique qui sera à son tour censurée dans les camps, c’est grâce à la
reconnaissance de ses élèves qu’il survit et grâce aux réseaux de solidarité qui
vont tenter d’apporter à ces hommes un peu d’humanité dans un monde qui a
assurément perdu la raison. Ce livre retrace le périple de Jaume Grau, poète et lettré républicain espagnol, qui lors de la Retirada fut interné cinq longues années dans les camps français. D'Argelès à Nexon, de Bram à Montolieu, Jaume Grau tint un journal retrouvé, traduit et commenté par Marie-Hélène Mélendez. Cette dernière apporta samedi un éclairage et des informations nouvelles sur ce que fut en particulier le camp d'internement, dit «d'intellectuels», de Montolieu qui, malgré une brève durée de six mois, a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective du village et s'inscrit dans l'épisode dramatique de la fin de la guerre d'Espagne et du sort misérable fait par la République française, puis par Vichy, aux réfugiés civils et militaires de la République espagnole. La Dépêche du Midi 14/10/2014 |